Malgré deux revers cuisants avec Londres puis Euronext, l'allemand Deutsche Börse s'accroche à son ambition de participer au grand mouvement de consolidation du secteur en Europe, estimant toujours être en mesure d'y jouer un "rôle actif".

Malgré deux revers cuisants avec Londres puis Euronext, l'allemand Deutsche Börse s'accroche à son ambition de participer au grand mouvement de consolidation du secteur en Europe, estimant toujours être en mesure d'y jouer un "rôle actif".

Isolée, Deutsche Börse ne compte pas le rester: "Nous sommes ouverts et prêts à tous les formats de coopérations, y compris des acquisitions qui créent de la valeur", a déclaré jeudi son président, Reto Francioni.

"Nous observons de très près les discussions de consolidation et pouvons toujours y jouer un rôle actif", a insisté le Suisse lors d'une conférence de presse à Francfort, refusant d'identifier des cibles éventuelles.

Le ton semble plus conquérant qu'en novembre dernier. Après un an d'effort, Deutsche Börse annonçait alors renoncer à son projet de fusion avec Euronext, lassé d'être systématiquement repoussé par le groupe européen, qui lui a préféré le New York Stock Exchange (Nyse). Il s'agissait alors de mettre l'accent sur la croissance interne, et de saisir les opportunités de coopérations, notamment en Europe centrale et en Asie. Mais l'idée d'une grande acquisition semblait abandonnée.

"La logique d'une consolidation du paysage boursier reste intacte", a insisté jeudi Reto Francioni.

Euronext est certes en cours de fusion avec le Nyse, mais le London Stock Exchange (LSE) a récemment réussi à échapper aux griffes du marché électronique Nasdaq. L'échec de l'offre de l'américain a relancé les spéculations sur une nouvelle tentative de Deutsche Börse, qui avait renoncé en 2005 à acheter le LSE sous la pression de ses fonds actionnaires ("hedge funds").

L'isolement de Deutsche Börse en Europe pourrait à terme poser un problème. "Il est possible que (son) échec à consolider conduise des cibles de taille moyenne du secteur à graviter vers les marchés des actions plus larges et plus liquides du LSE et d'Euronext", soulignent les analystes de Citigroup. L'opérateur de la Bourse de Milan a ainsi plus d'une fois été invité à rejoindre l'alliance Euronext/Nyse.

Cela n'a pas échappé à Reto Francioni, qui n'a pas exclu non plus jeudi de coopérer avec le projet "Turquoise", une plateforme d'échange d'actions que veulent lancer sept grandes banques d'investissement, dont la Deutsche Bank, la suisse UBS ou l'américaine Morgan Stanley.

Participer à la consolidation en tant qu'acheteur oui, mais pas question de se transformer en proie, a-t-il laissé entendre. Il a reconnu réfléchir à une réorganisation de la direction, mais balayé les rumeurs d'une filialisation des différentes activités, qui pourrait sonner le glas de son modèle d'opérateur intégré.

Le marché spéculait sur une telle mesure, préalable à un éventuel démantèlement du groupe. Les rumeurs avaient été relancées après les déclarations la veille du directeur financier du Nyse, Nelson Chai, qui avait exprimé son intérêt pour les activités de marché au comptant du groupe allemand.

Le modèle d'opérateur intégré, qui rassemble tous les maillons de la chaîne des opérations boursières, a été mis en cause pour son manque de transparence, notamment pour les tarifs de compensation/réglement/livraison, ces activités post-marchés qui bouclent définitivement une transaction. Mais il a l'avantage de rendre une OPA plus difficile.

La structure du groupe, qui a aussi été un point litigieux dans les négociations de rapprochement avec Euronext, lui permet de travailler "de manière plus efficace que d'autres organisations boursières", a estimé Reto Francioni, jugeant que la grimpée des bénéfices en 2006 en était la preuve.

"Tant que nous rencontrons autant de succès avec ce modèle, il n'y a pas de raison d'en changer", a-t-il lancé.

DEUTSCHE BOERSE

ilp/soe/LyS