Les dirigeants des trois constructeurs automobiles américains, General Motors, Ford et Chrysler, devaient être reçus mardi par le président américain George W. Bush alors qu'ils sont en crise profonde et distancés par la concurrence asiatique.

Les dirigeants des trois constructeurs automobiles américains, General Motors, Ford et Chrysler, devaient être reçus mardi par le président américain George W. Bush alors qu'ils sont en crise profonde et distancés par la concurrence asiatique.

Rick Wagoner (GM), Alan Mulally (Ford) et Tom LaSorda (Chrysler) étaient demandeurs de cette réunion depuis quelques mois mais la Maison Blanche l'avait repoussée à plusieurs reprises.

Elle intervient une semaine après la défaite subie aux élections parlementaires par le parti républicain du président Bush face aux démocrates. Ceux-ci sont particulièrement bien implantés dans le bassin automobile du nord-est des Etats-Unis autour de la ville de Detroit.

"Il n'y a pas grand-chose que la Maison Blanche puisse faire pour les constructeurs automobiles rapidement", souligne Peter Morici, professeur d'économie à l'université du Maryland (est).

Ford a perdu 7 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l'année, GM 3 milliards de dollars et Chrysler, qui fait partie du groupe germano-américain DaimlerChrysler, 1,16 milliard de dollars sur le seul troisième trimestre.

Ford et GM sont en train de supprimer près de 75.000 emplois et fermer plusieurs usines en Amérique du Nord.

Les PDG des trois groupes, surnommés les "Big Three", ont surtout été particulièrement piqués par une petite phrase lâchée par George W. Bush en début d'année selon laquelle ils devaient faire un "produit plus attirant" pour séduire les acheteurs et les convaincre de se tourner vers eux plutôt que vers les voitures japonaises et européennes.

Ils ne viennent cependant pas demander d'argent "et l'administration a dit clairement qu'ils n'en obtiendraient pas", souligne George Magliano, analyste chez Global Insight.

"Les constructeurs (américains) affirment qu'ils ne veulent pas bénéficier d'un traitement spécial mais tout ce qu'ils demandent revient en fait à obtenir un tel traitement", affirme Peter Morici.

MM. Wagoner, Mulally et LaSorda veulent mettre en avant leurs efforts pour commercialiser des véhicules économes en carburant utilisant la technologie hybride (électricité/essence) pour répondre au souhait du président Bush de "briser la dépendance des Américains vis à vis du pétrole".

Ils vont aussi se plaindre des énormes coûts sociaux qu'ils assument et qui sont, selon eux, ce qui les pénalise le plus face à la concurrence.

GM, le premier constructeur automobile américain et mondial, dépense 5 milliards de dollars par an en prestations sociales. Il est le premier assureur maladie aux Etats-Unis où il n'existe pas de système universel, la charge de la couverture étant partagée entre employeurs et employés.

L'inflation des coûts de santé a été l'un des thèmes dominants de la plate-forme électorale des démocrates aux élections et, selon George Magliano, la Maison Blanche pourrait utiliser ce thème comme une passerelle vers la nouvelle majorité.

"C'est une possibilité. Il semble que les démocrates pourraient être plus réceptifs à certains problèmes affrontés par Detroit et le calendrier de la rencontre est de donner l'impression qu'ils (l'administration Bush) sont tout aussi réceptifs", estime l'analyste de Global Insight.

GM, Ford et Chrysler devaient aussi évoquer les droits de douane sur les importations d'acier et la sous-évaluation, aux yeux de Rick Wagoner au moins, du yen, la devise japonaise.

Plus de 60% des voitures japonaises vendues aux Etats-Unis sont toutefois fabriquées dans le pays, ce qui retire quelque peu de poids à l'argument de la concurrence déloyale soulevé par les "Big Three".

Les constructeurs japonais emploient dans leurs usines américaines une main d'oeuvre beaucoup plus jeune et n'ont pas concédé les avantages sociaux que GM, Ford et Chrysler ont accordé à leurs employés, actifs et à la retraite.

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