La concurrence entre Bombardier et Embraer au niveau des avions régionaux s'est transportée sur le marché chinois.

La concurrence entre Bombardier et Embraer au niveau des avions régionaux s'est transportée sur le marché chinois.

Il y a quelques semaines, Embraer a frappé un grand coup en obtenant une commande de 2,7 milliards de dollars US de la part du transporteur chinois Hainan (HNA Group).

Dans une rencontre avec La Presse Affaires en marge du congrès de la National Business Aviation Association, le patron d'Embraer, Mauricio Botelho, a affirmé que sa stratégie chinoise avait fini par payer.

Pendant des années, la coentreprise formée par l'avionneur brésilien et son partenaire chinois China Aviation Industry Corporation II (AVIC II) à Harbin, en Chine, n'a produit qu'une poignée de biréacteurs régionaux par année.

Cela va changer. La commande de Hainan porte sur 50 appareils ERJ145, qui seront fabriqués à Harbin, et 50 appareils Embraer 190, qui seront fabriqués au Brésil.

" Sans cette coentreprise, le marché chinois nous aurait été fermé, a déclaré M. Botelho. Ça prouve que nous avions la bonne stratégie. "

Le président de Bombardier Aéronautique, Pierre Beaudoin, a toutefois voulu tempérer l'enthousiasme de son concurrent. " Je ne sais pas de quelle façon ils ont fait la commande, a-t-il déclaré en entrevue. Hainan opérait des Dornier 328. Est-ce qu'Embraer les a pris en échange? Je ne présume pas qu'il s'agisse d'une bonne transaction pour eux avant de la comprendre. "

Il a rappelé qu'Embraer avait fait des investissements substantiels dans la coentreprise chinoise.

M. Botelho a reconnu que jusqu'ici, la coentreprise ne construisait que six appareils par an. Par contre, il a soutenu qu'elle avait été profitable pendant toutes ces années. " C'était de petits profits ", a-t-il toutefois admis.

M. Beaudoin a indiqué que Bombardier aurait eu l'occasion d'installer une ligne d'assemblage pour des appareils de 50 places au Chine, mais qu'elle avait décidé de ne pas aller de l'avant parce qu'elle ne croyait pas à un marché pour un appareil aussi petit. " On ne croyait pas que ça pouvait être rentable pour nous et pour les compagnies aériennes, question de volume. "

M. Botelho n'est pas de cet avis. L'ERJ145 est un appareil de 50 places. " J'ai toujours dit qu'un avion régional était une nécessité en Chine, un pays de dimension continentale ", a-t-il déclaré.

Là où les deux présidents s'entendent, c'est sur la nécessité d'une présence en Chine. M. Beaudoin a noté que Bombardier venait justement de conclure une entente avec une entreprise chinoise, Shenyang, pour permette la fabrication de pièces de fuselage du turbopropulseur Q400.

" Bombardier a aussi beaucoup de succès au niveau transport, avec une très bonne réputation auprès des gouvernements, a-t-il souligné. Nous continuons d'investir parce que c'est un marché important. Embraer a eu une belle commande en Chine, nous avons l'intention d'en avoir aussi. "

À l'heure actuelle, il y a 35 biréacteurs régionaux de Bombardier qui volent en Chine, contre une vingtaine pour Embraer.

La Chine travaille sur son propre biréacteur régional, mais il ne sera pas prêt avant plusieurs années.

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