Les détenteurs de forfaits du Canadien qui s'intéressent aux chiffres risquent d'avoir une drôle de surprise s'ils se mettent à acheter des billets à l'unité à la dernière minute.

Les détenteurs de forfaits du Canadien qui s'intéressent aux chiffres risquent d'avoir une drôle de surprise s'ils se mettent à acheter des billets à l'unité à la dernière minute.

Cette saison, les détenteurs de forfaits de 10 matchs du Canadien doivent payer entre 8% et 28% plus cher que s'ils achetaient les mêmes billets à l'unité.

Le Canadien n'a pas voulu commenter cette anomalie, mais le professeur d'économie Philip Merrigan croit savoir pourquoi l'équipe impose un supplément à ses partisans les plus fidèles.

«Comme le Centre Bell est toujours plein, les détenteurs de forfaits paient plus cher pour l'assurance d'avoir un billet à chacun des 10 matchs. Ces forfaits leur donnent aussi un droit de priorité pour les séries éliminatoires. Ce droit de priorité doit se refléter dans le prix du billet», dit M. Merrigan, auteur de Dernière minute de jeu, un livre sur l'industrie du hockey publié en 2004.

Une entreprise ne devrait-elle pas récompenser ses meilleurs clients en leur octroyant un rabais au lieu de leur imposer une prime? Pas en situation de monopole, répond Philip Merrigan.

«Une entreprise dans une situation de monopole et qui connaît son marché va tenter d'avoir des prix discriminatoires pour ses différents types de clientèle, dit le professeur à l'UQAM. Si le Canadien vend ses billets 10$ mais que la moitié des gens sont prêts à payer 12$, il va tenter de s'arranger pour faire payer 12$ à ceux qui veulent payer 12$ tout en gardant ses clients à 10$. L'objectif d'une entreprise, c'est de tirer le maximum de revenus de sa clientèle.»

La stratégie fonctionne tant que l'entreprise a plus de clients que de billets à vendre.

Sinon, elle doit faire exactement le contraire: récompenser ses meilleurs clients en leur offrant des rabais. Pas besoin de chercher longtemps afin de trouver un exemple dans l'univers du sport professionnel montréalais.

«Les Expos donnaient des rabais à l'achat de leurs forfaits parce qu'ils avaient des sièges vides au Stade olympique», dit Philip Merrigan.

En dépit de sa clientèle nombreuse et dédiée à sa cause, le Canadien devra garder un oeil sur la situation économique de Montréal s'il veut continuer à vendre ses forfaits plus cher que ses billets à l'unité, estime Philip Merrigan.

«L'économie a quand même été bonne à Montréal au cours des cinq dernières années, ce qui permet aux gens d'acheter des billets du Canadien, dit-il. Mais à Detroit, les Red Wings ont des bancs vides pour la première fois de leur histoire. Ça n'a rien à voir avec la popularité de l'équipe. La ville de Detroit est aux prises avec un ralentissement économique en raison des nombreuses mises à pied dans le secteur de l'automobile. Beaucoup de partisans des Red Wings ont perdu leur emploi et ne peuvent simplement plus se payer de billets.»