Dans un univers ultra-concurrentiel, comment les entreprises peuvent-elles arriver à croître? Chaque semaine, un chef d'entreprise nous présente ses stratégies, ses idées et ses conseils.

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Le spécialiste du café Van Houtte n'est plus en Bourse et son principal regret est probablement de ne plus communiquer ses bonnes nouvelles aux petits actionnaires.

Car le torréfacteur montréalais, acquis ce printemps par le fonds américain Littlejohn, continue de grandir en Amérique du Nord.

Au cours des derniers mois, il a été très actif sur la côte Ouest, tant au Canada qu'aux États-Unis.

Son président, Jean-Yves Monette, 62 ans, est particulièrement fier d'un coup d'éclat qui offrira une vitrine exceptionnelle à la marque Van Houtte.

L'entreprise vient de signer un contrat d'exclusivité avec le grand aréna GM Place, en Colombie-Britannique.

«La maison des Canucks à Vancouver c'est l'équivalent du Centre Bell à Montréal», explique le dirigeant.

Cette entente n'est pas banale quand on sait que la côte Pacifique est le berceau des Starbucks et des Seattle's Best, installés juste à côté dans l'État de Washington.

«Tous les points de vente et toutes les concessions de café dans l'amphithéâtre (18 600 places pour le hockey et 19 200 pour le basketball) n'offriront que du Van Houtte, précise-t-il. C'est un outil extraordinaire pour se faire connaître davantage et pour augmenter nos ventes en épiceries.»

L'entreprise est déjà présente dans de grands supermarchés de l'Ouest canadien, comme Safeway et Calgary Coop.

«Nous discutons avec d'autres épiceries importantes, souligne M. Monette. On pourrait avoir des nouvelles dans les prochains mois.»

Pour se développer, Van Houtte mise aussi sur ses activités de pause-café qu'elle offre dans les entreprises, les dépanneurs, les concessionnaires automobiles, etc.

En fait, elle est le principal fournisseur de services de café au pays.

Après s'être implantée dans des stations services Chevron en Colombie-Britannique, Van Houtte est en train de poursuivre un grand déploiement sur la côte pacifique américaine.

«On s'installe dans une cinquantaine de Chevron par trimestre, précise M. Monette. Quand on complète une région, la pétrolière en ajoute une autre.»

Le contrat, signé il y a trois ans, concernait 400 stations services.

Van Houtte en a réalisé 300 jusqu'à présent, dont ceux des régions de Seattle (Washington), de Portland (Oregon), de Los Angeles et San Francisco (Californie).

Chevron compte 9000 points de vente en Amérique. Environ le tiers pourrait se qualifier pour offrir des services de café.

Par ailleurs, Van Houtte ne ferme pas la porte à l'expansion de son réseau de bistrots dans le reste du Canada.

Elle en possède 70 au Québec, incluant le dernier-né au Quartier Dix30, de Brossard.

«La décision n'est pas encore prise, signale Jean-Yves Monette. Si on le fait ce sera avec un partenaire spécialisé dans la gestion de bannières.»

L'entrepriseVan Houtte se spécialise dans le café gourmet haut de gamme. Elle emploie 1400 personnes au Canada et 500 aux États-Unis.

Elle réalise des revenus de 400 millions grâce à ses services de pause-café en Amérique du Nord et ses activités de vente au détail surtout dans les épiceries canadiennes. Elle gère aussi 70 bistros au Québec.

Défis

Faire grandir les services de pause-café (entreprises, dépanneurs, stations services) en Ontario et aux États-Unis et augmenter les ventes en épiceries hors-Québec.

Stratégies

Acheter des entreprises spécialisées dans les services de pause-café. Utiliser le réseau de pause-café qui compte 75 000 clients pour faire connaître sa marque et augmenter ses ventes en épicerie.

À retenir- Valeurs: l'expérience et le dévouement des employés, de véritables artisans, qui font la renommée de la marque Van Houtte et de tous ses produits.

- On n'a pas vendu Van Houtte à rabais (600 millions). On était bien préparé pour la prochaine phase de croissance. On va la faire avec Littlejohn qui nous donne toute la latitude nécessaire. Le marché boursier est souvent très injuste et impatient. Mais il fallait prendre le temps d'investir dans nos outils. On ne bâtit pas la croissance en ne pensant pas aux prochaines années.

- Ceux qui disent qu'il n'y avait pas de croissance chez Van Houtte se trompent. Dans les quatre dernières années, la croissance annuelle se situait au-dessus de 10%. Pendant ce temps, le marché du café est resté relativement stable.

- Gérer une société publique c'est extrêmement compliqué et exigeant. Toutes les questions des résultats, des rapports, des communiqués, des comités et des rencontres avec les investisseurs et les analystes grugeaient pas loin de la moitié de mon temps. La privatisation nous simplifie la vie parce que toute notre attention est maintenant concentrée sur la croissance.

- On produit beaucoup de liquidités. Avec la dette actuelle on peut soutenir le rythme de développement de notre plan d'affaires. Mais on pourrait facilement lever des fonds si on avait une acquisition majeure à faire dans le secteur de la pause-café ou si un compte important demandait de grands investissements.