Theratechnologies (T.TH) a franchi un pas que seule une poignée d'entreprises de biotechnologies canadiennes peuvent se vanter d'avoir fait.

Theratechnologies [[|ticker sym='T.TH'|]] a franchi un pas que seule une poignée d'entreprises de biotechnologies canadiennes peuvent se vanter d'avoir fait.

Elle a dévoilé lundi des résultats positifs de phase III, dernière étape avant la commercialisation d'un médicament.

La biotech montréalaise a annoncé que la tésamoréline -anciennement connue sous le nom de code TH9507- a été bien tolérée par les patients après une année complète d'étude.

La nouvelle a fait grimper l'action de Theratechnologies de 10,04% à la Bourse de Toronto, pour clôturer lundi à 11,95$. Le titre valait moins de 3$ il y a trois ans... mais se négociait au-dessus de 12$ en janvier 2002.

«Ça nous positionne clairement en tête de la course. On vient de démontrer très clairement que notre produit est sécuritaire hors de tout doute», a déclaré lundi Yves Rosconi, président et chef de la direction de Theratechnologies.

La tésamoréline s'attaque à la lipodystrophie, une condition qui modifie la répartition des graisses chez plusieurs patients atteints du VIH, creusant les joues et provoquant une accumulation de gras à l'abdomen.

On savait déjà que le produit était efficace: après six mois d'étude, il avait permis de réduire de 15% la graisse viscérale des patients, pulvérisant l'objectif de 8% qui lui avait été imposé.

Restait à vérifier si le produit est bien toléré à plus long terme, c'est ce que les résultats annoncés hier sont venus confirmer.

«On a eu une belle surprise en boni, et c'est que l'efficacité est passée de 15% de réduction de gras après 26 semaines à 18% après 52 semaines. C'est vraiment une belle surprise, parce que notre concurrent, lui, avait réduit son efficacité à long terme», dit Yves Rosconi.

Le concurrent, c'est le Serostim, de l'entreprise Serono, dont le produit contre la lipodystrophie n'a pas été approuvé par la FDA, l'agence américaine chargée d'évaluer les médicaments.

«On ne sait pas pourquoi la FDA n'a pas voulu approuver ce produit, explique Maher Yaghi, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins. Mais on sait qu'elle a indiqué plusieurs fois que le Serostim entraînait un plus haut risque d'intolérance au glucose, qui peut causer le diabète.»

Considérant que plusieurs patients souffrant de lipodystrophie sont aussi affligés du diabète, l'affaire est cruciale. Voilà pourquoi Theratechnologies se réjouit de voir qu'après 52 semaines d'étude, aucun effet sur le taux de glucose des patients n'a été observé.

La suite

L'affaire n'est toutefois pas dans le sac pour Theratechnologies, qui doit maintenant réaliser une seconde étude de phase III de 26 semaines pour confirmer les résultats de la première -une procédure normale.

Le recrutement des quelques 400 patients vient d'être terminé, et on prévoit conclure le tout pour le mois de mars prochain.

Le président, Yves Rosconi, ne voit pas ce qui pourrait clocher. «S'il y avait eu de mauvaises surprises à avoir, on les aurait déjà eues», dit-il.

«Les résultats qu'on a vus aujourd'hui démontrent une reproductibilité des résultats, dit aussi l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins. Ça fait en sorte que la deuxième étude de phase III que l'entreprise est en train de faire a de très bonnes chances de réussite.»

Philippa Flint, analyste chez RBC Marchés des capitaux, est aussi d'avis que la tésamoréline a «démontré son efficacité et son innocuité, ce qui va faciliter son acceptation ultime pour le traitement de la lipodystrophie associée au VIH».

Un doute subsiste toutefois dans son esprit: l'hypersensibilité qu'elle peut provoquer.

Comme à peu près tout médicament injecté, certains patients réagissent mal à la tésamoréline. Elle attend donc de voir toutes les statistiques de l'étude avant de conclure que la FDA devrait donner son aval au produit.

L'analyste est la seule des 10 répertoriés par l'agence Bloomberg à recommander de vendre le titre de Theratechnologies. La moyenne du prix cible des 10 analystes se situe à 15,21$.

Theratechnologies estime pouvoir commercialiser sa tésamoréline à l'aide d'un partenaire à la fin de l'année 2009. Marché potentiel: entre 300 et 850 millions US selon l'entreprise, entre 300 et 350 millions US selon l'analyste Maher Yaghi.