Comme une hirondelle ne fait pas le printemps, une embellie boursière ne signe pas la fin de la saison des ouragans.

Comme une hirondelle ne fait pas le printemps, une embellie boursière ne signe pas la fin de la saison des ouragans.

N'empêche. La majorité des places boursières du monde ont connu mercredi une séance marquée par des gains imposants.

À Toronto, l'indice de référence S&P/TSX a bondi de 197,70 points. Il cotait 137 758,27 points à la clôture.

À mi-séance, il était même en avance de plus de 230 points, avant que les investisseurs, toujours fort nerveux, jugent prudents d'encaisser tout de go leurs plus-value encore toute chaude.

Les gains étaient substantiels à New York aussi en mi-séance où de nombreuses prises de profits ont contenu quelque peu les bénéfices à la fin de la journée.

La populaire moyenne industrielle Dow Jones s'est appréciée de 153,47 points à 13 657,77 , tandis que le maître-indice S&P 500 engrangeait 20,78 points à 1497,49.

Les investisseurs semblent avoir fait leur deuil de tout allégement prochain de la politique monétaire américaine.

En revanche, ils ont cru momentanément l'analyse de la Réserve fédérale voulant que l'économie américaine puisse affronter sans trébucher la récession du secteur de l'habitation et la crise du crédit grâce à la robustesse du marché du travail et la solidité de l'économie mondiale.

Du coup, les titres des institutions financières sont redevenus attrayants un peu partout. À Toronto, ce courant s'est trouvé amplifié par la publication des résultats de Manuvie.

Le premier assureur au pays, mesuré par la valeur de l'actif, est parvenu à surpasser la prévisions des analystes financiers en enregistrant un bénéfice trimestriel de 1,1 milliard, en hausse de 16%.

Son titre a gagné 84 cents à 40,58$. Fait à signaler, comme ses concurrentes, l'augmentation du bénéfice vient surtout de ses activités aux États-Unis.

Les actions de GreatWest Lifeco et SunLife ont aussi fait des gains respectifs de 1$ à 55,65$ et de 27 cents à 52,27$ tandis que l'action ordinaire de Banque Royale grimpait de 1,19$ à 55,29$.

Les investisseurs ont cru un instant que le secteur financier est peu exposé à la crise des produits dérivés du crédit américains.

«Ce sont des produits peu liquides et il peut s'écouler un certain temps avant que la dépréciation présente apparaisse dans les résultats d'une entreprise», prévient cependant Pierre Lapointe, stratège en chef adjoint à la financière banque Nationale.

«Je crains qu'on va demeurer dans un environnement volatil pendant encore six mois avec des variations quotidiennes de plusieurs centaines de points», renchérit Carlos Leitao, économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

L'indice VIX qui calcule la volatilité des marchés est aussi élevé qu'en avril 2003 où Wall Street amorçait un troisième ralliement depuis le tehno-krach après deux essais infructueux, fait remarquer M. Lapointe.

Plusieurs économistes craignent toujours que le pire soit à venir dans le secteur des prêts hypothécaires à haut risque. C'est en début d'année que les ménages renouvelleront leurs prêts.

Ceux qui avaient obtenu des taux de faveur de 1% se retrouveront avec des mensualités majorées de 6% sans possibilité d'amortir leur prêt sur une plus longue période puisque le prix de leur propriété a baissé entre temps.

«C'était une embellie avant d'autres orages, mais il n'y aura pas de tsunami», résume M. Leitao.

Le marché canadien a aussi été stimulé un moment par les titres pétroliers et gaziers. Le département de l'Énergie a surpris les marchés en annonçant que tant les réserves de brut que d'essence étaient à la baisse la semaine dernière aux États-Unis.

Pour l'or noir, il s'agissait d'un cinquième repli hebdomadaire d'affilée, pour l'essence d'un premier. Néanmoins le contrat à court terme du brut a terminé la journée à la baisse à New York après une journée de yo-yo.

Le dollar canadien a très bien fait en prenant 44 centièmes à 95,36 cents US. Le billet vert s'est déprécié contre la plupart des autres devises d'importance mais surtout contre le dollar australien et la livre sterling.

La Réserve de la Banque centrale d'Australie avait porté durant la nuit son taux directeur à 6,5% alors que la Banque d'Angleterre a laissé entendre qu'un autre tour de vis sera nécessaire pour contenir l'inflation.

«Les investisseurs paraissent avoir retrouvé un certain goût pour le risque, constate Hughes Lajeunesse, vice-président principal change étranger. Mais il est trop tôt pour dire si ça va durer à moyen terme.»

En conséquence, le marché obligataire s'est replié pour la deuxième journée d'affilée, les investisseurs délaissant pour l'instant les titres à revenus fixes au profit des actions.