Des syndiqués de la forêt touchés par les fermetures annoncées d'usines de la Commonwealth Plywood et de Tembec demandent que d'autres mesures soient rapidement instaurées pour venir en aide aux travailleurs touchés.

Des syndiqués de la forêt touchés par les fermetures annoncées d'usines de la Commonwealth Plywood et de Tembec demandent que d'autres mesures soient rapidement instaurées pour venir en aide aux travailleurs touchés.

L'aide annoncée par Québec en octobre dernier, lors de la vague de fermetures de scieries dans les régions, ne suffira pas vu l'ampleur et la diversité des problèmes, a confié en entrevue le vice-président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), Renaud Gagné.

«À mon point de vue, c'est insuffisant, du fait qu'il y a tellement de fermetures, de ce temps-là. Puis si on veut relancer d'autres produits, au niveau de la recherche, il faut se développer en deuxième et troisième transformations. Ca prend de l'argent. Il faut qu'il y ait des liens, aussi, entre ces grandes entreprises-là», a commenté M. Gagné.

Le dirigeant syndical suggère par exemple une prolongation des prestations d'assurance-emploi et de meilleurs programmes d'aide pour les travailleurs âgés.

Il donne l'exemple des usines de La Tuque. «Si on est capable de permettre d'envoyer plus de personnes à la retraite pour regrouper les deux usines ensemble et garder les jeunes qui vont assurer la relève pour les prochaines années. Il faut trouver une façon de permettre aux plus âgés de quitter honorablement, avec des sous dans leurs poches, sinon ils ne partiront pas. Ces gens-là vont peut-être prendre leur retraite dans trois ans, dans quatre ans, dans cinq ans, puis on va avoir perdu la jeune main-d'oeuvre qui est formée.»

M. Gagné invite également les entreprises à moderniser leurs installations.

Ce syndicat, affilié à la FTQ, représente les travailleurs dans sept des 18 usines touchées de la Commonwealth Plywood et dans les usines de Tembec à La Sarre et Taschereau.

Commonwealth Plywood a annoncé, jeudi, qu'à compter du 1er juillet, elle fermera pour une période indéterminée 18 usines de sciage et de déroulage de feuillus, entraînant ainsi la perte de 2400 emplois.

Tembec a annoncé, vendredi, des fermetures à court terme, pour des durées indéterminées, à ses usines du Québec, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, qui s'ajoutent aux fermetures complètes ou partielles déjà en cours.

Les usines de Senneterre, Taschereau et Béarn, au Québec, sont au nombre de celles qui devraient fermer complètement ou partiellement pendant deux semaines, en juillet et août.

La perte de production entraînée sera compensée en partie par la réouverture pour une période de neuf semaines de l'usine de La Sarre, au Québec.

Le SCEP-FTQ représente plus de 20 000 travailleurs de la forêt, des scieries et des papetières au Québec.

À Québec, le premier ministre Jean Charest a laissé entendre qu'il soutiendrait les travailleurs touchés. Il a cependant souligné que plusieurs facteurs sur lesquels le gouvernement n'a aucun contrôle, notamment l'effondrement du marché américain et la force du dollar canadien, expliquent la gravité de la crise.

Le gouvernement a aussi réaffirmé son intention d'apporter des modifications au régime forestier. Le ministre des Ressources naturelles Claude Béchard s'est dit ouvert à créer deux régimes distincts, un pour le feuillu et l'autre pour le résineux.

Il a demandé au Conseil de l'industrie forestière de formuler des suggestions quant à la révision du régime, afin que des modifications soient apportées l'automne prochain pour, ultimement, permettre une consolidation de l'industrie.

À Ottawa, le ministre responsable de l'agence de Développement économique du Canada pour le Québec (DEC), Jean-Pierre Blackburn, croit que la situation actuelle est due d'abord à la restructuration du secteur forestier.

En ce sens, c'est le gouvernement du Québec «qui est interpellé au premier chef au niveau entre autres des droits de coupe», a expliqué le ministre, à sa sortie des Communes.

Il ne croit pas nécessaire, pour l'instant, d'adopter des mesures spéciales pour venir en aide à l'industrie qui peut toujours se prévaloir des «outils pour la deuxième et la troisième transformations» mis en place il y a quelque temps.