Aux États-Unis, royaume de la consommation à crédit, des parents envoient leurs enfants en colonies de finances pour apprendre la valeur de l'argent et des économies, afin d'éviter qu'ils ne prennent de mauvaises habitudes financières.

Aux États-Unis, royaume de la consommation à crédit, des parents envoient leurs enfants en colonies de finances pour apprendre la valeur de l'argent et des économies, afin d'éviter qu'ils ne prennent de mauvaises habitudes financières.

«Regardez ce gâchis ! Regardez l'endettement des Américains !», s'enflamme Elisabeth Donati, qui a créé des camps de finances (MoneyCamp) à Santa Barbara, en Californie, pour les jeunes de 10 à 16 ans.

Depuis qu'en 2002, elle a lancé l'idée de ces formules de formation à 279 $ la semaine, quelque 2500 petits Américains ont suivi ces journées où ils apprennent «les bases de la richesse»: faire un budget sur un salaire, comprendre ce qu'est un taux d'intérêt, économiser pour la retraite.

Ils visitent des banques, jouent au consommateur averti avec une fausse monnaie, écoutent les récits, pour l'exemple, de biographies de très riches self-made men.

«Nous avons toutes sortes d'enfants qui suivent ces camps: des enfants de pauvres, des enfants de riches», affirme Elisabeth Donati, dont l'organisation à but non-lucratif reçoit des financements pour sponsoriser les enfants qui ne peuvent pas s'offrir ces vacances d'apprentis financiers.

«Le montant de la dette dans ce pays est au plus haut et le taux d'épargne au plus bas», résume Annette Gionnet, une mère californienne qui a fait suivre à sa fille de 12 ans, Lara, un camp de finances.

Les ménages américains dépensent en effet plus qu'ils ne gagnent: leur taux d'épargne a été négatif de plus de 1% en 2006 pour la deuxième année consécutive.

Lara, qui a 16 ans aujourd'hui, gère elle-même son budget habillement et a un compte en actions dans un fonds de placement qu'elle a fait fructifier avec quelques centaines de dollars pour le porter à 4000 $.

Plus spectaculaire encore est le cas de Nathan Lemieux, 14 ans. À bonne école, il a suivi les leçons de sa mère, formée elle-même à un «moneycamp» pour adultes de Santa Barbara.

«Il a investi 1000 $ qu'il avait gagnés lui-même lorsqu'il était en 2e année au cours élémentaire. Cinq ans plus tard en 4e, il a des actifs de près de 20 000 $», s'étonne sa mère, Jodi Lemieux.

Institutrice de CM2 dans une école publique du Maine (nord-est), Jodi, formée en camp de finances, a décidé d'intégrer l'enseignement de la finance à son programme scolaire.

«Je parle tout le temps d'argent. Nous avons une pointeuse à l'entrée de la classe, les enfants calculent leur temps de travail et présentent une fiche de paye», explique l'enseignante qui indique avoir le soutien entier des parents.

Une fausse monnaie, le «moola», récompense la discipline, l'application ou le courage de ses élèves. Les devoirs de vacances sont des scénarios de «business» à mettre en place: vente de limonades, tonte des pelouses, lavage de voitures.

«Et ça marche ! Ils deviennent moins matérialistes», assure-t-elle. «Lorsqu'ils évoquent ce qu'ils veulent faire plus tard, beaucoup disent que ce n'est pas l'argent qui les intéresse mais de faire ce qui leur plaît».

Mais pour cela, ils doivent atteindre la «liberté financière», prône l'enseignante qui mesure cette aisance par «le nombre de mois où l'on peut soutenir son niveau de vie sans échanger son temps contre de l'argent». «C'est la plus jolie définition de la richesse que j'ai trouvée», dit-elle.