Le plus grand producteur d'énergie éolienne au monde lorgne le marché canadien.

Le plus grand producteur d'énergie éolienne au monde lorgne le marché canadien.

L'Allemagne produit 20 621 mégawattheures (MWh) d'énergie éolienne, soit 13 fois plus que le Canada. L'envers de la médaille : les éoliennes allemandes, qui produisent 5,7 % de l'énergie du pays, fonctionnent déjà à plein régime.

«L'Allemagne est le leader mondial de l'éolien, mais ses meilleures années de croissance ont été dans les années 90, dit Susanne Ritter, présidente de la Chambre canadienne allemande de l'industrie et du commerce. Il y a encore des nouveaux projets (environ 2000MW par année), mais on augmente la capacité de production des parcs éoliens existants au lieu d'en construire des nouveaux.»

Résultat: les Allemands veulent exporter leur expertise. Et ils sont intéressés par le marché canadien. L'industrie éolienne allemande s'est d'ailleurs réunie lundi dernier lors d'un congrès à Kitchener, en Ontario.

«Au contraire de la Chine et des États-Unis, le Canada n'a pas toujours été dans la ligne mire des entreprises allemandes», admet Steffen Ebert, conseiller de l'Association allemande d'énergie éolienne, qui regroupe les producteurs allemands d'énergie éolienne.

Le Danemark et les États-Unis détiennent 68 % du marché canadien des turbines. Les Allemands arrivent loin derrière, ne produisant que 40,2 des 1808MWh d'énergie éolienne au Canada.

«Les sociétés allemandes fournissent déjà des turbines en Ontario, en Alberta et en Nouvelle-Écosse», dit Mme Ritter.

L'Ontario avant le Québec

Plusieurs sociétés allemandes se disent intéressées à participer au prochain appel d'offres d'Hydro-Québec, mais elles font surtout de l'oeil à l'Ontario.

Pour trois raisons: le prix de l'électricité est plus élevé, les exigences de contenu local sont moins restrictives et le système d'appel d'offres est calqué sur le modèle allemand.

«On va voir de plus en plus de sociétés allemandes au Canada mais elles commenceront avec des petits projets entre 100 et 200MWh, dit Mme Ritter. Ces projets diminuent les risques financiers pour les sociétés étrangères qui veulent s'implanter dans un marché. L'Ontario veut des petits et des grands parcs éoliens tandis qu'au Québec, on recherche davantage des projets de grande envergure.»

REpower, Enercon, Siemens, Nordex, Vensys et Multibrid. Toutes des sociétés allemandes qui guettent les occasions d'affaires sur le marché canadien. Et qui ne sont pas sans savoir qu'elles feront face à des défis particuliers au Canada.

«Le climat au Canada occasionne de nouveaux problèmes techniques, comme la glace sur les hélices ou le froid à l'intérieur des turbines», dit M. Ebert.

Mais il n'y a pas que la température. Et il y aussi le climat politique! «En Allemagne, il n'y a qu'une loi pour tout le pays en ce qui concerne l'éolien, dit M. Ebert. Les Allemands ne trouvent pas ça très évident de comprendre toutes les lois provinciales au Canada.»