À l'issue de la session parlementaire annuelle, le gouvernement chinois a montré vendredi qu'il était décidé à poursuivre les réformes économiques et sociales sans toucher au système politique.

À l'issue de la session parlementaire annuelle, le gouvernement chinois a montré vendredi qu'il était décidé à poursuivre les réformes économiques et sociales sans toucher au système politique.

Après onze jours de réunions et de débats à Beijing, les quelque 3000 délégués de l'Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement) ont adopté à une écrasante majorité les deux textes de loi très attendus sur la propriété privée et les impôts sur les sociétés, ainsi que le rapport du premier ministre Wen Jiabao.

La feuille de route du gouvernement, qui se fixe pour 2007 une croissance peut-être moins forte mais plus sociale et respectueuse de l'environnement, a reçu l'onction de 99% des députés.

«La vitesse de la flotte n'est pas déterminée par le navire le plus rapide, mais par le plus lent. Si nous améliorons les conditions de vie de ceux qui sont dans la difficulté, nous améliorons le bien-être de toute la société», a expliqué ensuite à la presse Wen Jiabao.

Face aux journalistes, le premier ministre a de nouveau exposé son souci des plus faibles, en particulier des paysans, qui n'ont pas encore profité des réformes économiques lancées à la fin des années 1970, expliquant vouloir notamment mettre en place pour eux un système de sécurité médicale.

À ceux qui s'inquiètent de la montée en puissance de la Chine et de l'augmentation de ses dépenses militaires, le chef du gouvernement a répété que la quatrième puissance mondiale visait un «développement pacifique» et «défensive par nature».

Dans le domaine politique, à quelques mois d'un XVIIe Congrès du Parti communiste à l'automne où il devrait être désigné pour un nouveau mandat de cinq ans, Wen Jiabao s'en est tenu à un discours convenu.

«La démocratie socialiste ne va pas à l'encontre du règne de la loi, je veux dire par là que la démocratie, les institutions, la liberté, les droits de l'homme, l'égalité, la fraternité ne sont pas l'apanage du capitalisme», a déclaré M. Wen.

«Nous voulons mener une politique d'ouverture, étudier les réussites des civilisations avancées en les confrontant à la réalité, pour emprunter la voie de la démocratie chinoise», a également indiqué le premier ministre chinois.

S'il s'est déclaré partisan de ce que «le peuple soit maître chez lui» et qu'il «contrôle et critique le gouvernement», pendant toute la session annuelle du Parlement, les autorités avaient cependant pris soin de tenir à l'écart du centre de Beijing les «shangfang», ces plaignants venus des provinces pour dénoncer les injustices dont ils se disent victimes.

Dans le texte de la retranscription de la conférence de presse, le site Internet du gouvernement a censuré la partie de la question sur la démocratie, posée en anglais, évoquant un livre d'entretiens avec le dirigeant chinois déchu Zhao Ziyang, ancien «patron» de Wen Jiabao placé en résidence surveillée après le massacre de Tiananmen en 1989, jusqu'à sa mort en 2005.

Le livre, interdit en Chine, a été publié début janvier à Hong Kong.

«Quant au livre publié à Hong Kong que avez évoqué, il n'y aucun lien avec mon point de vue, car je n'ai pas lu ce livre», a répondu Wen Jiabao au journaliste étranger.

Par ailleurs, M. Wen a de nouveau fait part de son inquiétude face au développement de la corruption, «y compris parmi des hauts dirigeants».

L'an dernier, plusieurs hauts responsables, parmi lesquels le numéro un du Parti communiste à Shanghaï et membre du bureau politique du Comité central Chen Liangyu, ont été limogés pour corruption, considérée comme une menace pour la légitimité du Parti communiste en raison de son ampleur.