Le gouvernement du Québec a annoncé, le 20 octobre, un plan destiné aux travailleurs, aux entreprises et aux communautés frappés par la crise qui secoue l'industrie forestière. Les principaux intéressés ont salué l'effort de Québec (plan de 722 millions $, dont 300 millions $ d'argent neuf), mais ils en auraient voulu plus. Voici ce qu'en pensent des travailleurs et la direction de la compagnie Kruger, qui a rouvert hier matin ses trois scieries de la Côte-Nord, fermées depuis sept semaines.

Le gouvernement du Québec a annoncé, le 20 octobre, un plan destiné aux travailleurs, aux entreprises et aux communautés frappés par la crise qui secoue l'industrie forestière. Les principaux intéressés ont salué l'effort de Québec (plan de 722 millions $, dont 300 millions $ d'argent neuf), mais ils en auraient voulu plus. Voici ce qu'en pensent des travailleurs et la direction de la compagnie Kruger, qui a rouvert hier matin ses trois scieries de la Côte-Nord, fermées depuis sept semaines.

La majeure partie de l'aide destinée aux travailleurs va à ceux âgés de 55 ans et plus. Ce ne fut d'aucun secours pour Robert Dugas et l'immense majorité de ses collègues de la scierie Manic de Ragueneau, sur la Côte-Nord.

"Ici, la moyenne d'âge est de 30 ans. Sur 108 employés, il y en a deux ou trois qui ont plus de 55 ans, affirme M. Dugas, employé de la scierie depuis son ouverture en 1997. Pour les autres, ce sont des prestations d'assurance-emploi ordinaires, sans rien d'autre. Tant qu'on reste avec un lien d'emploi avec l'entreprise, on n'a droit à aucune aide particulière."

M. Dugas, qui est aussi président du syndicat de l'usine, aurait bien aimé un coup de pouce supplémentaire du fédéral. "Une aide aurait pu être accordée pour compenser les deux semaines de carence avant de recevoir l'assurance-emploi. Ce n'est tout de même pas de notre faute si on n'a plus de job."

Le père de famille de deux grands enfants de 19 et 18 ans, qui aura bientôt 42 ans, se console tout de même à l'idée que les employés de Kruger ont su un mois à l'avance que leur scierie fermait, contrairement à leurs confrères d'Abitibi-Consolidated, qui ne l'ont appris que quelques jours avant. "C'est l'avantage de travailler pour une compagnie privée plutôt que pour une compagnie cotée en Bourse", ajoute-t-il.

Robert Dugas croit tout de même que le plan lui viendra en aide par ricochet. Selon lui, l'investissement de près de 200 millions $ dans la nouvelle approche de la gestion forestière est bon pour l'industrie et en conséquence, pour ses travailleurs.

"J'ai bien entendu certains industriels dire que ce n'était pas assez, mais dans le fond, ils n'ont l'air choqué plus qu'il ne le faut. Une aide de 90 % pour les chemins forestiers et le paiement des interventions contre le feu, les insectes et les maladies, c'est quand même très intéressant", analyse-t-il.

Diversification

Même s'il dit n'y croire guère, M. Dugas estime que l'occasion serait pourtant excellente de diversifier l'industrie forestière régionale en démarrant des projets de deuxième et troisième transformations.

"Je ne vois pas pourquoi on ne serait pas capable de faire des poutrelles de structures ou des murs de huit pieds sur huit pieds pour des maisons préfabriquées, par exemple, lance le travailleur. Ce n'est pas si compliqué que ça, mais ce n'est pas dans les visions des entreprises de développer de tels projets ici. Ça nous aiderait justement à passer à travers les coups durs comme présentement."

Pendant son arrêt forcé, Robert Dugas en a profité pour faire quelques rénovations à sa résidence. Il a constaté, comme bien des consommateurs de la région, que le prix du bois d'oeuvre est fort peu abordable, même s'il provient dans plusieurs cas de la cour arrière des Nord-Côtiers.

"Je ne comprends pas que les quincailleries soient obligées d'acheter leur bois d'un grossiste à Montréal. Le bois est parti d'ici pour Montréal et on le rapporte ici après, déclare-t-il en s'interrogeant sur la logique de cette situation. Les compagnies nous disent que le prix du bois d'oeuvre n'a jamais été aussi bas, mais on le paie quand même le gros prix ici. Pourtant, personne n'y perdrait au change si le consommateur pouvait acheter directement du bois de la région, au contraire."

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