La Chine, source de produits manufacturés bon marché depuis les deux dernières décennies, risque bientôt d'exporter de l'inflation, au moment où les prix augmentent dans l'empire du Milieu.

La Chine, source de produits manufacturés bon marché depuis les deux dernières décennies, risque bientôt d'exporter de l'inflation, au moment où les prix augmentent dans l'empire du Milieu.

L'inflation chinoise pourrait même contribuer à la surchauffe en cette période de forte croissance économique mondiale. Si bien que les banques centrales du monde entier pourraient être obligées de hausser les taux d'intérêt.

Bref, on réalise que la mondialisation complique les choses pour les autorités monétaires.

Les prix des produits importés aux États-Unis et au Canada à partir de la Chine ont considérablement augmenté en mai dernier par rapport au mois précédent (+0,3% pour les produits importés aux États-Unis), «premier signe que nous avons pu observer» que les biens bon marché de Chine sont peut-être en train de devenir plus difficiles à trouver, indiquait le mois dernier Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Les prix de biens importés de Chine ont augmenté à nouveau de 0,3% en juin (aux États-Unis).

Pendant que les responsables des politiques monétaires ont du mal à contenir les pressions d'autres forces au-delà de leur contrôle (augmentation du commerce, flux de capitaux plus rapides et prix records des produits de base), divers dirigeants, y compris Mervyn King, gouverneur de la Banque d'Angleterre, et Alan Bollard, gouverneur de la banque centrale de la Nouvelle-Zélande, vont peut-être devoir majorer les taux d'intérêt ou les maintenir à des niveaux plus élevés pendant plus longtemps qu'ils ne le souhaiteraient.

La Banque du Canada a haussé son taux directeur ce mois-ci pour la première fois en plus d'un an, à 4,5%, en partie à cause de la hausse des investissements en Alberta pour créer les plus importantes réserves mondiales de pétrole à l'extérieur du Proche-Orient.

«Il se peut que les politiques monétaires intérieures soient désormais moins capables que dans le passé de contrôler l'inflation au sein même du pays, une pensée peu rassurante pour les responsables des banques centrales», indique Joachim Fels, économiste de Morgan Stanley à Londres.

L'intégration croissante des économies mondiales n'est pas entièrement comprise, même par ceux qui ont le plus profité de l'augmentation des investissements et du commerce international.

Pour sa part, Ben S. Bernanke, président actuel de la Fed, estime que cela peut compliquer la tâche des décideurs, ajoutant que les avantages des biens importés moins chers sont à tout le moins compensés par les coûts plus élevés des matières premières et de l'énergie.

La hausse de la demande mondiale provoque déjà une augmentation des prix des aliments et des produits de base.

De plus, elle met à mal l'excédent de capacité au moment où des investissements plus importants venant de l'étranger diminuent le contrôle des banques centrales sur la masse monétaire au sein de leurs économies.

Le Fonds monétaire international (FMI) prédit que l'excédent de capacité fondra à 0,1% du produit intérieur brut (PIB) mondial en 2008, comparativement à 0,4% l'an dernier.

Les responsables et les économistes doivent discuter de la dynamique changeante de la mondialisation et de ses répercussions sur la politique monétaire au cours des deux prochains jours à la Banque centrale européenne, à Francfort.

Les conférenciers à ce forum sur invitation seulement comprennent notamment Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, et Frederic Mishkin, un gouverneur de la Fed.

Cette conférence se tient alors que la Chine, quatrième économie mondiale, fait état de la croissance économique la plus vive en 12 ans, ce qui a propulsé l'inflation à 4,4% en juin. Samedi dernier, la Chine a relevé son taux directeur à 6,84%, un sommet de huit ans.