Après la division emballages, ce pourrait être le tour du groupe Produits usinés d'Alcan (T.AL) d'être liquidé une fois l'acquisition par Rio Tinto complétée. Une hypothèse qu'ont avancée plusieurs observateurs et analystes... et que Rio Tinto n'a pas voulu écarter.

Après la division emballages, ce pourrait être le tour du groupe Produits usinés d'Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] d'être liquidé une fois l'acquisition par Rio Tinto complétée. Une hypothèse qu'ont avancée plusieurs observateurs et analystes... et que Rio Tinto n'a pas voulu écarter.

La possibilité que cette division soit vendue a fait surface mardi au lendemain de la déclaration du président de Rio Tinto, Tom Albanese, voulant que l'entreprise pourrait se départir de plus d'actifs que prévu une fois l'acquisition d'Alcan complétée.

Le grand patron a affirmé que Rio Tinto passera au peigne fin toutes ses activités afin d'identifier les divisions «qui ne cadrent pas vraiment» ou qui auraient plus de valeur dans les mains d'un tiers. Celles-ci seraient alors vendues pour financer la dette de l'entreprise, Rio Tinto risquant de devoir emprunter jusqu'à 40 milliards US pour acheter Alcan.

«Je crois qu'un groupe qui pourrait être vendu est celui des produits usinés. Ce sont des actifs manufacturiers qui s'éloignent de la mission première de faire de l'aluminium», a dit à La Presse Affaires l'analyste torontois Ian Howat, de la Financière Banque Nationale.

Pas plus tard que jeudi dernier, Rio Tinto affirmait pourtant que cette division n'était pas à vendre. «Nous conserverons le groupe Produits usinés et nous concentrerons nos efforts sur la gestion du portefeuille pour créer une valeur accrue», peut-on lire dans le communiqué conjoint de Rio Tinto et Alcan annonçant l'offre d'achat de 38,1 milliards US.

Autre son de cloche, hier, de la part du géant minier anglo-australien. «Tout sera sujet à une possible révision. Cela inclut la division Produits usinés d'Alcan comme toutes les opérations que nous avons à travers le monde», a affirmé Nick Cobban, porte-parole de Rio Tinto, joint à Londres par La Presse Affaires.

Le groupe Produits usinés fabrique notamment de la tôle destinée à l'industrie aéronautique et automobile, des câbles et des bandes d'aluminium.

Il compte 15 000 employés dans le monde, dont 270 au Québec répartis dans quatre établissements: une usine de structures automobiles à Saguenay, les usines de câbles de Lapointe (Jonquière) et Saint-Maurice (Shawinigan) et un bureau à Saint-Laurent.

Inquiétude

Alain Lampron, président de la Fédération de la métallurgie CSN, n'avait pas eu vent, mardi, des rumeurs entourant cette division où travaillent certains de ses membres.

«On s'était informé de notre côté si la fabrication de câbles faisait partie du groupe emballages dont on a annoncé la vente. On nous a répondu que non, et on était donc tranquilles», a-t-il dit à La Presse Affaires.

D'autres, par contre, ont senti l'inquiétude. C'est le cas Alain Proulx, directeur régional des Travailleurs canadiens de l'automobile, qui représente des travailleurs d'Alcan au Saguenay.

«Il y a des gens inquiets, effectivement. Nous avons discuté avec nos compagnons de la CGT, en France, (la Centrale générale du travail, un syndicat français). Ce qu'ils disent, c'est que la raison d'être de Rio Tinto est dans le secteur primaire, pas dans la transformation.»

Un point de vue que partage Louis Hébert, spécialiste des fusions et acquisitions à HEC Montréal. «On n'a qu'à regarder les autres activités de Rio Tinto: elle ne fait pas de transformation secondaire et tertiaire», souligne-t-il.

Des morceaux conservés

Plusieurs des actifs du groupe Produits usinés avaient été acquis en 2003 lors de l'acquisition de Pechiney (le chiffre d'affaires annuel de la division a d'ailleurs bondi de 2 à 6 milliards US entre 2003 et 2006).

M. Hébert, de HEC Montréal, croit que Rio Tinto Alcan ne vendrait pas le groupe en bloc. «Je crois que ça pourrait aller marché par marché. Ils voudront peut-être conserver des choses comme l'aéronautique, et se défaire d'autres activités», dit-il.

Alcan a confirmé mardi que son groupe Emballages, dont la mise en vente a été annoncée dès le dépôt de l'offre d'achat par Rio Tinto, sera au contraire vendu en bloc et non par morceaux.

Les analystes estiment sa valeur entre 2 et 6 milliards US.

Au Québec, la division Emballages comprend une usine à Baie d'Urfé (176 employés), une à Lachine (160 employés), une à Saint-Césaire (117 employés) ainsi qu'un bureau de Kirkland de 60 employés. La division compte globalement 31 000 employés dans le monde et a généré un chiffre d'affaires de 6 milliards US en 2006.