Le grand patron de CAE (T.CAE), Robert Brown, ne veut pas que le gouvernement fédéral demeure les bras croisés devant les sociétés étrangères qui cherchent à s'emparer des entreprises canadiennes.

Le grand patron de CAE [[|ticker sym='T.CAE'|]], Robert Brown, ne veut pas que le gouvernement fédéral demeure les bras croisés devant les sociétés étrangères qui cherchent à s'emparer des entreprises canadiennes.

«Le gouvernement ne peut pas avoir une attitude de laisser-faire, a déclaré M. Brown jeudi, en marge de la divulgation des résultats du manufacturier de simulateurs de vol pour l'exercice financier. À mon avis, il est nécessaire que le gouvernement surveille ça de près, qu'il voie à ce que nous ayons les options, comme Canadiens, de contrôler notre propre destinée.»

M. Brown est le deuxième grand dirigeant de l'industrie aéronautique canadienne à exprimer son inquiétude cette semaine au sujet de l'acquisition de sociétés canadiennes par des intérêts étrangers.

Mardi, le président du conseil et chef de la direction de Bombardier, Laurent Beaudoin, a affirmé qu'il était primordial d'analyser minutieusement ces transactions «afin de mesurer la portée à long terme de la perte de l'identité de nos fleurons canadiens».

«Il ne faut pas se retrouver au Canada avec uniquement des filiales de compagnies étrangères, a déclaré M. Beaudoin. Ce serait au détriment de l'économie canadienne.»

Jeudi, M. Brown s'est montré particulièrement inquiet au sujet de l'industrie aéronautique canadienne. Parmi les grandes entreprises, il n'y a plus que Bombardier et CAE qui soient sous propriété canadienne. Or, CAE n'est pas contrôlée par une famille, comme Bombardier, ce qui la rend encore plus vulnérable.

«Notre siège social vient de déménager de Toronto à Montréal, a rappelé M. Brown. Nous l'avons fait pour trouver une façon d'augmenter nos activités, pas pour vendre l'entreprise à quelqu'un d'autre.»

Il a fait valoir que des pays comme l'Angleterre, la France, l'Italie et les États-Unis prenaient des moyens pour conserver de solides industries aéronautique et de la défense.

«Est-ce que nous voulons une situation où toutes nos sociétés, surtout celles dans l'aéronautique et la défense, soient contrôlées de l'extérieur?» a-t-il demandé.

Il a fait valoir que ces secteurs étaient précieux pour l'économie canadienne, particulièrement au moment où le secteur des ressources naturelles traverse des difficultés et où le secteur manufacturier a de la difficulté à prendre la relève.

En attendant, CAE tire bien son épingle du jeu. Les revenus de l'entreprise ont atteint 1,26 milliard de dollars pendant l'exercice financier 2007, qui se terminait le 31 mars dernier. Il s'agit d'une hausse de 13% par rapport à l'exercice précédent. Le bénéfice net a carrément doublé, passant de 63,6 millions à 127,4 millions. Le bénéfice par action est passé de 25 à 51 cents.

Le titre de CAE a gagné 19 cents jeudi pour clôturer à 13,84$ à la Bourse de Toronto.

Le président et chef de la direction de l'entreprise s'est montré optimiste quant à l'avenir. Il s'attend ainsi à ce que l'expansion du marché de l'aviation civile se poursuive jusqu'à la fin de la décennie.

La fin de la restructuration chez de grands transporteurs américains comme Delta et Northwest laisse présager une plus grande demande en formation, ces transporteurs étant en voie de renouveler leurs flottes d'appareils.

«Nous croyons que nous sommes bien placés pour profiter de ces occasions, a déclaré M. Brown. Nous avons les ressources nécessaires, nous avons l'intention d'investir dans notre réseau de centres de formation pour augmenter notre capacité.»

Du côté militaire, CAE s'attend à une croissance plus modeste des revenus.

«Il y aura des occasions liées au programme annoncé par le gouvernement canadien pour ré-équiper les forces», a toutefois rappelé M. Brown.

L'appréciation rapide de la devise canadienne force cependant CAE à poursuivre des efforts de réduction des coûts. L'entreprise a notamment accéléré ses cycles de production, cédé en sous-traitance les services de technologie d'information et négocié de nouvelles conditions avec ses fournisseurs.

«Il faut assumer que le dollar canadien va monter de façon importante dans les prochains mois, les prochaines années, a déclaré la patron de CAE. Il faut trouver des façons d'absorber les coûts.»