Les pourparlers en vue de sauver le plus gros abattoir de porcs du Québec semblent bien mal entamés.

Les pourparlers en vue de sauver le plus gros abattoir de porcs du Québec semblent bien mal entamés.

À l'invitation d'Olymel de négocier «à l'intérieur des paramètres déjà proposés», le syndicat des travailleurs de l'usine de Vallée-Jonction a fait connaître sa réponse mercredi: non.

Le syndicat demande une «véritable négociation». À moins d'une volte-face de la part de l'une des deux parties d'ici le 28 janvier, on se dirige donc vers la fermeture de l'usine.

Le torchon brûle entre Olymel et ses 1200 travailleurs de Vallée-Jonction depuis que ceux-ci ont refusé dimanche dans une proportion de 99% les compressions de 30% dans leur rémunération exigées par l'employeur.

Olymel a répliqué lundi par un ultimatum: non seulement le chiffre de 30% n'est pas négociable, mais si le syndicat n'accepte pas les réductions d'ici le 28 janvier, l'usine fermera au printemps.

Olymel a toutefois invité les syndicats à une rencontre qui devait se tenir aujourd'hui, se disant prête à discuter de la façon de réaliser les coupes.

«On demande une réduction de 30% de la rémunération globale, pas 30% de réductions salariales. Et ça, ça veut dire qu'on peut faire des choix», avait expliqué lundi à La Presse Affaires le porte-parole d'Olymel, Richard Vigneault.

Le syndicat a répliqué mercredi qu'il était hors de question de «reconsidérer une proposition qui a été rejetée aussi massivement à deux occasions».

La CSN souhaite également inclure le sort des travailleurs de l'usine de Saint-Simon, dont la fermeture a été annoncée pour le 30 mars, dans les négociations -les travailleurs de Vallée-Jonction ont entériné dimanche dernier à 98% une proposition en ce sens. Olymel a toutefois clairement indiqué qu'elle ne négocierait qu'avec le syndicat de l'usine de Vallée-Jonction.

«Nos mandats sont clairs, mais la direction d'Olymel n'en tient tout simplement pas compte, a déploré Gino Provencher, président du syndicat de l'usine de Vallée-Jonction. Malgré cela, nous demeurons ouverts à la négociation et nous tenons à nos emplois. Nous attendons des signes d'ouverture de la compagnie, ce que nous ne percevons pas actuellement.»

La direction d'Olymel a fait savoir hier soir qu'elle ne commenterait pas le refus du syndicat pour l'instant. Olymel affirme que l'abattoir de Vallée-Jonction a essuyé des pertes de 50 millions de dollars depuis trois ans.

Au banc des accusés, elle pointe les salaires des employés, qu'elle chiffre à 28,91$ l'heure incluant les avantages sociaux -comparativement à 21,36$ l'heure pour l'usine de Princeville où elle a arraché d'importantes concessions salariales aux employés par le passé.

Du côté des producteurs de porcs, on suit le conflit avec angoisse et impuissance. Le président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Claude Corbeil, n'hésite pas à qualifier de «catastrophique» une éventuelle fermeture de l'abattoir de Vallée-Jonction.

«Pour nous, ça amènerait des questions existentielles», a-t-il déclaré à La Presse Affaires.

«Quand Olymel a la grippe, les producteurs toussent, et ils peuvent même se ramasser avec une pneumonie», lance M. Corbeil, qui croit qu'Olymel ne bluffe pas quand elle menace de fermer l'usine.

«Ce que je dis aux syndiqués, c'est qu'Olymel est très sérieuse dans ses démarches. L'entreprise a pris des gestes que je ne qualifierai pas par le passé, mais les résultats seront désastreux pour les producteurs si la fermeture de Vallée-Jonction est envisagée. Et on dit à ces gens: Nous, au cours des dernières années, on a essuyé des coupes importantes de nos revenus.»