Le marché de l'aluminium s'est transformé énormément au cours des 15 dernières années et en voici une preuve: l'Association de l'aluminium du Canada se retrouvera avec un seul membre si Alcoa réussit à acheter Alcan.

Le marché de l'aluminium s'est transformé énormément au cours des 15 dernières années et en voici une preuve: l'Association de l'aluminium du Canada se retrouvera avec un seul membre si Alcoa réussit à acheter Alcan.

Une des conséquences directes de la fusion entre Alcoa et Alcan sera probablement la disparition de l'Association, reconnaît son président, Christian Van Houtte.

«C'est une bonne question, mais je ne me la pose pas tout de suite», a-t-il dit, en évoquant les longues étapes à franchir avant la conclusion d'une éventuelle transaction.

L'Association canadienne de l'aluminium, dont le siège social est à Montréal, a été fondée pour faire connaître l'industrie de l'aluminium et défendre les intérêts de ses membres.

À l'origine, en 1990, elle en comptait cinq, tous des géants de l'industrie à l'époque. C'était Alcan, Péchiney, Alumax, Reynolds et VAW. Elle n'en a plus que deux, Alcan et Alcoa.

Deux et demi, en tenant compte des partenaires minoritaires d'Alcan dans l'aluminerie Alouette sur la Côte-Nord, soit Austria Metall, Hydro Aluminum, Marubeni et la Société générale de financement. Et peut-être bien un membre et demi bientôt, si la transaction entre Alcoa et Alcan se concrétise.

Depuis 15 ans, les transactions se sont succédé et ont profondément transformé l'industrie. Alcoa a acheté Alumax, propriétaire de l'aluminerie de Deschambault, en 1998, et acquis Reynolds en 2000. Hydro Aluminum a racheté l'allemand VAW. Et Alcan a mis la main sur Péchiney en 2003.

En même temps, de nouveaux producteurs d'aluminium ont vu le jour et prospéré ailleurs dans le monde, notamment en Chine et en Russie. Ces deux pays produisent aujourd'hui 30 % de l'aluminium consommé dans le monde.

Ensemble, Alcan et Alcoa en produiraient moins, soit 20 % de la production mondiale.

C'est à cause de ces bouleversements du marché que le direction d'Alcoa est confiante d'obtenir le feu vert des autorités en matière de concurrence.

Les activités combinées d'Alcoa et d'Alcan en feraient le premier producteur mondial d'aluminium, devant Rusal, mais la nouvelle entreprise viendrait en cinquième place des compagnies internationales de mines et métaux, derrière BHP Billiton (au premier rang), CVRD, Anglo American et Rio Tinto, des entreprises qu'on dit d'ailleurs intéressées à acheter Alcan.

Si il se réalise, l'achat d'Alcan par Alcoa bouclerait la boucle. Alcoa a fondé Alcan en 1902 et en fait une entité indépendante en 1928, tout en restant son principal actionnaire.

En 1951, Alcoa a été forcée par les autorités antitrust de se départir des intérêts qu'elle détenait toujours dans Alcan. Cinquante-six ans plus tard, après deux années de négociations de fusion infructueuses, Alcoa a déposé une offre d'achat de 33 milliards US pour acquérir son ancienne filiale.