L'offre publique d'achat lancée par la société américaine Alcoa (AA) pour acquérir Alcan (T.AL) ne préoccupe pas le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri-Paul Rousseau.

L'offre publique d'achat lancée par la société américaine Alcoa [[|ticker sym='AA'|]] pour acquérir Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] ne préoccupe pas le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri-Paul Rousseau.

«On vit dans un monde où vous avez des grandes sociétés canadiennes et québécoises qui font la conquête des marchés internationaux», a déclaré M. Rousseau en conférence de presse, mardi.

«C'est extrêmement difficile d'essayer de parler des deux côtés de la bouche. Le Canada et le Québec sont des sociétés commerçantes qui échangent avec des partenaires nord-américains et mondiaux et en raison de ces échanges, on doit s'attendre à ce qu'il y ait des transactions de cette nature. Ça fait partie de la vie. Ça a été ainsi depuis longtemps et ça va continuer.»

Le président s'est même permis de faire l'éloge de la mondialisation, en rappelant que la Caisse est elle-même devenue copropriétaire, l'année dernière, de la British Airports Authority (BAA).

«On vit dans un monde planétaire et essayer de le nier, ce serait nier les occasions d'affaires qui se pointent», a affirmé M. Rousseau.

«Essayer de se plaindre et d'arrêter la mondialisation, il est trop tard pour ça, a-t-il ajouté. Elle est faite. Les pays émergents ont émergé. La planète est déjà unie, et puis c'est fantastique qu'il y ait deux milliards de personnes qui crevaient de faim qui sont maintenant en train de sortir de la misère. Il faut dire que ça nous oblige à patiner plus vite, à être plus souples et à faire du judo avec ça. Mais il faut prendre ça positivement: c'est comme ça qu'on va s'en sortir.»

Henri-Paul Rousseau a admis que si la transaction se concrétisait, elle serait financière intéressante pour la Caisse, qui est actionnaire d'Alcan.

«Lorsque les actions augmentent en Bourse, c'est sûr que c'est payant pour la Caisse», a-t-il souligné.

L'institution n'a pas encore décidé si elle appuierait ou non l'offre d'Alcoa.

Le président a en outre estimé que l'idée de partager entre New York et Montréal les deux sièges sociaux de l'éventuelle entreprise fusionnée n'était «pas farfelue».

BCE: une décision «au mérite»

Quant à la décision de la Caisse de faire partie du consortium qui souhaite acquérir le géant des télécommunications BCE, Henri-Paul Rousseau a assuré qu'elle avait été prise «au mérite», après mûre réflexion.

«Très longtemps, dans ce cas-là, on avait une hésitation évidente, a-t-il confié. Comme on est déjà dans le secteur, il fallait avoir une bonne raison. Seulement, on ne nous a pas présenté une transaction, mais un projet de transaction auquel on participait. Donc on a dit «ça, c'est intéressant» et on est allé voir. (...)

Aujourd'hui, la Caisse n'a aucun engagement (...). On est à l'étape d'étudier.»

Le président a confirmé qu'une «Muraille de Chine» avait été mise en place pour éviter tout conflit d'intérêts avec Quebecor Media, un concurrent de BCE dont la Caisse est actionnaire à 45 %.

«Les quatre personnes qui sont liées au dossier de BCE sont littéralement dans un endroit à part, on leur a réservé des locaux à l'extérieur de la Caisse», a-t-il expliqué. Le dossier relève directement du conseil d'administration. Sans cela, les organismes qui font respecter les règles de concurrence pourraient s'interroger sur le rôle de la Caisse, a noté M. Rousseau.

Le dirigeant a tenu à préciser qu'il faut des mois avant que de tels projets ne voient le jour. La Caisse avait mis 18 mois pour conclure la transaction touchant BAA.

Enfin, M. Rousseau a annoncé mardi que la Caisse mettrait sur pied le Centre international sur la prospérité des entreprises du Québec, afin d'aider les gens d'affaires à faire face, justement, à la mondialisation.

Le président du Mouvement Desjardins, Alban D'Amours, le président et chef de la direction d'Alcan, Dick Evans, le président et chef de la direction de SNC-Lavalin, Jacques Lamarre, de même que le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Henri Massé, feront partie du groupe de travail qui jettera les bases du Centre, qui doit ouvrir en 2008.