Faire le plein pour aller visiter la famille au Jour de l'an coûtera au moins 5 % plus cher que l'an dernier, mais personne ne s'empêchera de festoyer pour autant.

Faire le plein pour aller visiter la famille au Jour de l'an coûtera au moins 5 % plus cher que l'an dernier, mais personne ne s'empêchera de festoyer pour autant.

Les prix élevés à la pompe n'ont pas encore réussi à modifier le comportement des consommateurs.

«L'essence représente encore une trop petite partie de nos dépenses de consommation pour que les comportements changent», explique Joseph Doucet, directeur du Centre de recherche appliquée en énergie et environnement de l'Université de l'Alberta.

L'augmentation des prix du pétrole continue d'enrichir l'Ouest canadien et tous autres pays producteurs, sans pour autant stopper la croissance économique dans les pays industrialisés. Les économies modernes sont-elles immunisées contre les hausses du prix du pétrole ?

Non, estime le professeur albertain, mais l'adaptation aux nouvelles réalités énergétiques est un processus lent et continu. Lorsque les prix augmentent, il y a des impacts à la fois sur l'offre et sur la demande de pétrole.

Du côté de l'offre, les producteurs s'ajustent en exploitant de nouveaux gisements et en revisitant les anciens avec de nouvelles technologies pour accroître leur production. Du côté de la demande, les consommateurs se tournent vers les voitures qui consomment moins et les nouvelles technologies hybrides.

«Les gens vont y penser quand vient le temps de changer leur auto mais entre-temps, ils ne sont pas incités à changer leurs habitudes parce que le coût de rouler en voiture, même grosse, reste très bas en Amérique du Nord», estime-t-il.

Le coût de rouler en voiture inclut, en plus de l'essence, celui des assurances, du stationnement et de la congestion dans les villes. Tout pris en compte, l'automobiliste nord-américain reste favorisé comparativement au conducteur européen, précise Joseph Doucet.

Les hausses de prix des dernières années n'ont pas réduit la consommation d'essence, et tout indique que l'essence continuera de se vendre de plus en plus cher, surtout à cause de l'augmentation des prix du pétrole brut.

L'évolution du prix du pétrole devient de plus en plus difficile à prévoir, parce que prix est influencé par un grand nombre de facteurs.

«Je dis souvent qu'il vaut mieux maintenant poser cette question à un politologue qu'à un économiste», dit le professeur Doucet.

Selon le département américain de l'Énergie, le prix du pétrole baissera légèrement en 2007. Le pétrole brut compte pour près de la moitié du prix du litre d'essence à la pompe et l'autre moitié du prix est sous l'influence de plusieurs autres facteurs comme la concurrence locale et la réglementation.

L'obligation d'inclure un pourcentage de carburant renouvelables dans l'essence, le diesel et le mazout utilisé pour le chauffage produira des pressions à la hausse sur les prix à la pompe, peut-on déjà prévoir.

La production et la distribution de biocarburants, même subventionnées, feront augmenter le prix de l'essence. «Comme chaque État ou chaque province aura ses spécifications, il ne sera plus aussi facile de changer de source d'approvisionnement en cas de problèmes dans une raffinerie, par exemple», précise Joseph Doucet.

D'autres mesures environnementales auront aussi pour effet de faire grimper les prix. Ainsi, malgré leurs profits record, les compagnies pétrolières ont déjà fait savoir que leur contribution au Fonds vert mis sur pied par le gouvernement du Québec sera prélevée dans la poche des consommateurs par une hausse du prix à la pompe.