La vente des 1858 pharmacies américaines de Jean Coutu (T.PJC.A) au groupe Rite Aid fait des inquiets. Des syndiqués ont lancé cette semaine une pétition pour convaincre les procureurs généraux de 10 États de lancer des "enquêtes officielles" sur la transaction.

La vente des 1858 pharmacies américaines de Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] au groupe Rite Aid fait des inquiets. Des syndiqués ont lancé cette semaine une pétition pour convaincre les procureurs généraux de 10 États de lancer des "enquêtes officielles" sur la transaction.

En gros, les travailleurs craignent que la Federal Trade Commission (FTC) l'équivalent américain de notre Bureau de la concurrence force Rite Aid à se départir d'un grand nombre de magasins une fois que la transaction avec Coutu sera conclue. Ces fermetures pénaliseront autant les employés licenciés que les clients de certaines communautés, déplorent-ils.

"Là où je vis, à Washington, beaucoup de gens seraient bien mal desservis si notre pharmacie de quartier fermait, surtout ceux qui n'ont pas accès à des modes de transport pour aller dans un autre commerce à l'autre bout de la ville ", a souligné à La Presse Affaires Jill Cashen, porte-parole du United Food and Commercial Workers Union (UFCW), qui représente 18000 salariés de Rite Aid aux États-Unis.

Il y a deux jours, les représentants du UFCW ont amorcé une tournée des magasins Brooks et Eckerd (vendus par Jean Coutu à Rite Aid) dans 100 villes américaines. Ils font signer une pétition aux clients et employés dans l'espoir de permettre le déclenchement d'enquêtes officielles par les procureurs généraux de 10 États.

Dans la pétition, les signataires demandent notamment aux procureurs "de prendre toutes les mesures pour s'assurer que toute fermeture ou vente d'un magasin Rite Aid, Eckerd ou Brooks dans notre État ne rende pas l'achat de médicaments de prescription plus coûteux".

Chez Rite Aid, on a tenté hier de répondre aux inquiétudes des travailleurs. En entretien, la porte-parole, Jody Cook, a reconnu que la Federal Trade Commission pourrait forcer Rite Aid à se départir d'un certain nombre de pharmacies. "Si c'est le cas, ces magasins devront être vendus à une société qui a l'intention de continuer à les exploiter en tant que pharmacies, ce qui garderait de la concurrence dans le marché", a-t-elle indiqué.

"Une fois que la transaction sera conclue, si on doit fermer des magasins parce qu'ils sont trop près les uns des autres, nous offrirons un emploi à nos associés dans un de nos magasins des environs ", a poursuivi M me Cook, jointe en Pennsylvanie.

La FTC est présentement en train de réviser la transaction de 3,4 milliards US annoncée le 24 août dernier. L'organisme fédéral américain doit s'assurer que les lois de la concurrence seront respectées une fois que les 1858 pharmacies de Jean Coutu seront intégrées au réseau de Rite Aid. C'est à cette fin qu'il obligera Rite Aid à vendre ou fermer des magasins dans certains territoires.

Le mois dernier, la FTC a allongé sa période d'examen et soumis une "requête d'information additionnelle" à Jean Coutu et à Rite Aid pour avoir plus de détails sur la vente. La conclusion de l'entente dépendra des résultats de l'enquête.

Les deux sociétés sont confiantes. "C'est dans le cours normal des choses, la requête d'information supplémentaire faite par la FTC.On demeure très optimiste", a dit Hélène Bisson, porte-parole du Groupe Jean Coutu, pendant un entretien téléphonique.

La société longueuilloise n'est par ailleurs pas trop dérangée par la campagne menée par les syndiqués de l'UFCW dans ses pharmacies américaines. " Tant qu'ils font signer les pétitions à l'extérieur du magasin, sur les terrains publics de la ville, on n'intervient pas, a dit M me Bisson. C'est leur droit en autant qu'ils soient à l'extérieur du magasin. "

L'UFCW mène sa campagne dans 10 États , soit le New Hampshire, le Vermont, New York, le New Jersey, le Connecticut, la Pennsylvanie, le Maryland, la Virginie, la Géorgie et Washington DC.

Les enquêtes que l'UFCW réclame aux procureurs généraux de tous ces États ne visent pas nécessairement à "bloquer" la vente, insiste-t-on. "Nous voulons nous assurer que quiconque achète cette compagnie (Brooks-Eckerd) comprenne que les employés et les clients sont partie prenante dans cette transaction", a toutefois indiqué Jill Cashen, de l'UFCW.

Jean Coutu recevra 1,45 milliard US et 1 milliard US en actions pour céder ses 1858 pharmacies Brooks et Eckerd à Rite Aid. L'entreprise américaine prendra aussi en charge 850 millions US de la dette du groupe québécois. Une fois la transaction conclue, Jean Coutu détiendra une participation de 32% à l'actionnariat de Rite Aid.