Le projet de fusion entre Gaz de France et Suez, qui conduira à la création d'un nouveau concurrent pour EDF, n'inquiète pas le patron du géant de l'électricité, même s'il partage certaines craintes de ses actionnaires minoritaires et de ses salariés sur les tarifs.

Le projet de fusion entre Gaz de France et Suez, qui conduira à la création d'un nouveau concurrent pour EDF, n'inquiète pas le patron du géant de l'électricité, même s'il partage certaines craintes de ses actionnaires minoritaires et de ses salariés sur les tarifs.

La fusion GDF-Suez donnerait naissance, en Europe, au cinquième producteur d'électricité et au leader du gaz naturel liquéfié.

Si EDF vaut plus en Bourse que le futur groupe GDF-Suez (79 milliards d'euros de capitalisation boursière contre 74), il pèserait moins en revanche en chiffre d'affaires, avec 51 milliards d'euros, contre 64 pour la nouvelle entité.

Le patron du groupe public d'électricité, Pierre Gadonneix, ne se montre pourtant pas inquiet. Le projet de fusion n'est pas "a priori" pénalisant pour EDF car il "va dans le sens de l'équilibre normal d'une Europe de l'énergie sur le chemin de la construction", affirme-t-il jeudi dans un entretien avec Le Figaro.

Avec l'ouverture totale du marché européen de l'énergie à la concurrence au 1er juillet 2007, l'enjeu pour ces groupes reposera sur leur capacité à offrir à la fois du gaz et de l'électricité aux clients, particuliers et professionnels, qui auront alors le choix de leur fournisseur.

Mais si cette libéralisation conduit EDF à perdre des clients en France, il entend se "rattraper à l'étranger", assure M. Gadonneix, qui a déjà prévu une enveloppe de 8 milliards d'euros sur trois ans pour financer des acquisitions hors de France.

Le PDG d'EDF réaffirme qu'il est prêt à racheter des activités qui seraient cédées en Belgique par GDF ou Suez dans le cadre de leur fusion, après les problèmes d'entrave à la concurrence soulevés par la Commission européenne.

Apparemment serein, M. Gadonneix ne partage pas moins l'inquiétude des salariés et des actionnaires minoritaires de son groupe à propos de plusieurs amendements au projet de loi sur l'énergie, actuellement débattu par les députés.

Ces amendements proposent que les entreprises qui ont choisi les prix du marché libre puissent revenir pendant deux ans à un tarif de l'électricité plafonné, qui ne sera pas supérieur de 20 à 30% au tarif réglementé (fixé par les pouvoirs publics).

Ils prévoient en outre une compensation pour les fournisseurs d'énergie non producteurs, qui serait financée par les gros producteurs d'électricité, en l'occurrence EDF et Suez.

Salariés et actionnaires affirment, comme le PDG, que ces mesures coûteraient plusieurs centaines de millions d'euros par an à l'entreprise, en 2007 et 2008.

Les six administrateurs salariés d'EDF (CGT, FO, CFE-CGC, CFDT) craignent qu'elles ne favorisent les concurrents et conduisent "à un renchérissement du prix de vente de l'électricité en France".

Actionnaires salariés et minoritaires du groupe, représentés par l'Association des actionnaires minoritaires (Adam) et l'association EDF Actionnariat Salarié, ont écrit au Premier ministre Dominique de Villepin et à plusieurs députés pour demander leur retrait.

L'action EDF a bondi de 36% depuis son introduction en Bourse en novembre 2005.

Ces actionnaires minoritaires --au nombre de 5 millions, dont 130.000 salariés, soit près de 13% du capital-- redoutent "un impact négatif sur le cours de l'action EDF, en raison de la baisse probable des distributions futures de dividendes" et de "la réduction de la capacité d'investissement" du groupe.

"Pourquoi faudrait-il subventionner ceux qui n'investissent pas?", se demande de son côté M. Gadonneix, qui exclut de vendre son électricité à prix coûtant aux autres fournisseurs car cela reviendrait à une "spoliation" de l'entreprise et de ses actionnaires.

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