Le nouveau siège social de Manuvie au Vietnam a beau être dans ce qui a encore l'air d'un grand champ humide, l'assureur canadien mise sur les villes et leur classe moyenne pour assurer sa croissance.

Le nouveau siège social de Manuvie au Vietnam a beau être dans ce qui a encore l'air d'un grand champ humide, l'assureur canadien mise sur les villes et leur classe moyenne pour assurer sa croissance.

Manuvie est débarquée au Vietnam en 1999 et y a vécu une existence plutôt facile pendant les quatre premières. «Jusqu'en 2003, on n'avait essentiellement pas de concurrence», explique le directeur général pour le pays, David Tai Wai Wong.

Mais voilà, les banques étrangères sont débarquées et se sont mises elles aussi à tourner autour des dongs des Vietnamiens. «C'est à ce moment-là que tout le secteur de l'assurance s'est mis à régresser.»

À son arrivée à Ho Chi Minh il y a un an, M. Wong prend donc une décision: Manuvie délaisse la vente d'assurances mixtes (endowment products) et revient à la vente d'assurances plus conventionnelles.

L'assureur décide aussi de mettre l'accent sur les grandes villes du pays. Où habitent les Vietnamiens plus riches.

«Quand on regarde le développement économique du Vietnam, c'est très similaire à celui de la Chine: les fermiers des régions rurales déménagent en ville. Et la différence de revenus entre la ville et la campagne va croissant, malheureusement.»

Le déploiement dans les régions rurales du pays était devenu difficile à gérer. Le jeu n'en valait pas la chandelle. «On n'a pas besoin d'être numéro un dans les régions rurales. On a seulement besoin d'être numéro un dans les villes et on va augmenter notre part de marché.»

Le réajustement porte fruit. Depuis le début de l'année, les ventes sont en hausse «de 40% ou 50%» par rapport à l'an dernier, souligne M. Wong.

Des fonds communs

Dans le hall de l'édifice de la Bourse à Ho Chi Minh, un bronze illustre bien la situation que vit le marché boursier du pays: un taureau s'apprête à encorner un ours. Mais quand on y regarde de plus près, l'ours a sorti ses griffes. Et on ne sait pas trop qui va l'emporter.

L'an dernier, c'est assurément le taureau qui a eu le dessus. La Bourse a progressé de 145%. Mais depuis la fin janvier, l'indice vivote, cherchant une direction, la trouvant plus souvent qu'autrement vers le bas.

C'est dans ce contexte que l'assureur canadien est devenu à la mi-juillet la troisième entreprise à pouvoir vendre des fonds communs aux Vietnamiens. À ceux de la classe moyenne, encore une fois. Manuvie estime qu'ils sont une quinzaine de millions (sur 85 millions) à gagner entre 500 et 1000$US par mois.

Mais le permis d'investissement est-il arrivé trop tard compte tenu du comportement de la Bourse depuis le début de l'année? «Il n'est jamais trop tard (pour investir) . Mais c'est certain que la question du timing est importante», souligne M. Wong.