DOMAINE PINNACLE EN BREF

DOMAINE PINNACLE EN BREF

Le Domaine Pinnacle (prononcez à l'anglaise) est le plus important producteur de cidre de glace au Québec. Il est situé dans les Cantons-de-l'Est, au pied du mont Pinacle, à Frelighsburg. La PME produit annuellement 15 000 caisses (ou 180 000 bouteilles de 375 ml) de cidre de glace.

Le produit haut de gamme de l'entreprise se décline en trois variétés: le cidre de glace " classique " à 25 $ la bouteille; la version pétillante à 29 $ la bouteille; et le cidre de glace " signature ". Le Domaine Pinnacle ne produit que 5000 bouteilles signées et numérotées à 35 $ chacune.

La PME vend 50 % de sa production au Québec, principalement dans les SAQ et aux restaurateurs. L'autre moitié est exportée dans quelque 25 pays, dont la Chine, le Japon, le Mexique et la Russie.

L'entreprise roule à fond depuis 2004, année où elle s'est associée au géant français Camus, parmi les plus grands fabricants de cognac au monde. Résultat: Domaine Pinnacle profite d'un réseau de distribution sans pareil, notamment dans des magasins hors taxes, qui lui donne accès à la planète.

LE GENTLEMAN FARMER

Charles Crawford ne connaissait rien aux pommes et encore moins à la production de boissons alcoolisées lorsqu'il acheté à Frelighsburg une terre de 430 acres, dont le tiers sert à la culture de milliers de pommiers.

" Mais j'avais déjà de l'expérience dans le lancement de trois ou quatre entreprises. Quand je vivais à Montréal, j'ai participé à la fondation d'une PME de logiciels pour le domaine pharmaceutique et aussi d'un fabricant d'équipement industriel ", explique M. Crawford, bachelier en sciences à Concordia et titulaire d'une MBA d'une institution ontarienne.

" D'ailleurs, si j'ai un conseil à donner, c'est de toujours monter un plan d'affaires et de se demander où on veut aller avec notre produit. Il faut aussi se demander ce qu'il faut comme ressources. Surtout, il ne faut pas être trop optimiste et savoir se préparer si ça ne va pas bien au début ", recommande-t-il.

FAIRE BOUGER LES CHOSES

Citadin endurci, Charles Crawford, 44 ans, fait tout sauf s'ennuyer depuis qu'il vit en pleine campagne à Frelighsburg, dans les Cantons-de-l'Est. " Il est possible de faire bouger les choses rapidement dans un endroit comme ici ", lance-t-il.

Frelighsbourgeois à plein temps depuis 2002, M. Crawford s'est fait élire conseiller municipal. Il est également à la tête d'une cohorte de parents dévoués qui a réussi à amasser 75 000 $ pour l'aménagement d'un parc (avec mur d'escalade) à l'école primaire de Frelighsburg, où vont ses deux jeunes enfants.

Au sujet de la vie en milieu rural, Charles Crawford est sans équivoque. " Pour neuf points positifs, il n'y a qu'un un point négatif. Je ne suis pas à la veille de retourner vivre à Montréal ", dit ce skieur heureux d'habiter tout près de Jay Peak, au Vermont.

UNE AOC POUR LES CIDRES DE GLACE

" Il faut établir de nouveaux règlements pour que le cidre de glace se fasse dans les règles de l'art ", croit Charles Crawford, copropriétaire et fondateur du Domaine Pinnacle. Selon lui, l'industrie québécoise du cidre de glace devra ultimement se doter d'un système avoisinant celui des AOC. L'AOC (appellation d'origine contrôlée) est ce célèbre acronyme qui authentifie la qualité et surtout la provenance d'un vin.

M. Crawford se réjouit même que le cidre de glace suscite autant d'intérêt au Québec et à l'étranger. De quelques producteurs il y a six ans, la province en compte maintenant plus d'une vingtaine. Et ce chiffre ne ferait qu'augmenter. Toutefois, le proprio du Domaine Pinnacle, qui compte une vingtaine d'employés, souhaite que le Québec se fasse un nom avec un produit de qualité.

" Nous avons grandement aidé à faire connaître le cidre de glace québécois. Nous en avons fait un produit du terroir facilement exportable. Notre produit est naturel. Il n'y a pas de sucre ni d'alcool ajouté. Il faut utiliser des pommes qui ont été cueillies après les premiers gels et non pas des pommes refroidies artificiellement ", cite-t-il entre autres exemples.

François Chartier, qui tient une chronique de vins et mets à La Presse et auteur du guide La Sélection Chartier, est du même avis que Charles Crawford. " Il y a de la fraude et de l'abus qui se fait dans le domaine. Et dans certains cas, c'est le produit qui n'est tout simplement pas intéressant. Il ne faudrait pas tuer ce marché qui est en émergence. Il faut encadrer la fabrication du cidre de glace ", explique M. Chartier, selon qui Domaine Pinnacle " fait partie des meilleurs ".

EXPORTER, C'EST EXIGEANT

Qui dit exportation dit occasions d'affaires. Mais qui dit exportation dit parfois tracasseries. " Chaque pays possède différentes normes en ce qui concerne les boissons alcoolisées, affirme Charles Crawford. Rien qu'aux États-Unis, chaque État est un pays en soi. Il faut faire affaire avec un distributeur par État. C'est un peu comme au Canada, où chaque province a le monopole sur l'alcool. "

Le Japon serait l'un des endroits où exporter est le plus difficile. " Ils sont très exigeants en ce qui a trait à la qualité du produit. Même si les Japonais nous connaissent, ils font des tests sur tout ce que nous leur envoyons, que ce soit en grande ou en très petite quantité ", souligne M. Crawford.

UN PRODUIT NÉ AU QUÉBEC

Peu de gens le savent, mais le cidre de glace est né au Québec, selon François Chartier, collaborateur à La Presse et auteur de guides sur le vin et les mets. C'est à François Pouliot, propriétaire de la cidrerie La Face cachée de la pomme, dans la région de Hemmingford, et au Français Christian Barthomeuf, qu'on doit l'élaboration de ce nectar unique au monde, explique M. Chartier.

La Face cachée de la pomme est d'ailleurs la première au Québec à avoir exporté du cidre de glace. Elle le fait toujours et talonne ainsi Domaine Pinnacle, son principal concurrent. " Ce sont à mon avis les deux meilleurs producteurs de cidre de glace au Québec ", croit François Chartier.

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