Alléchées par la folie Facebook, deux entreprises montréalaises, bOK et Babytel, tentent d'apporter la téléphonie sur le désormais incontournable site de réseautage social.

Alléchées par la folie Facebook, deux entreprises montréalaises, bOK et Babytel, tentent d'apporter la téléphonie sur le désormais incontournable site de réseautage social.

Encore peu connues, leurs applications gagnent des dizaines de nouveaux membres chaque jour en se propageant de façon virale.

Dans le cas de bOK, une application permettant de faire des appels gratuits sur téléphone cellulaire, tout le développement technique se fait dans une chambre de résidence de l'Université McGill, où sont empilés de vieux ordinateurs dont les ventilateurs tournent en permanence.

«C'est très bruyant», admet Amin Mirzaee, étudiant en génie informatique âgé de 19 ans qui a créé le logiciel, rencontré hier par La Presse Affaires.

Le «Téléphone» de bOK tire profit des forfaits à «appels entrants illimités» vendus par les grands fournisseurs de téléphonie sans fil comme Fido, Rogers, Bell et Telus.

Les utilisateurs dûment enregistrés n'ont qu'à cliquer sur le nom d'un de leurs amis dans Facebook pour les appeler au téléphone, et le serveur de bOK se charge ensuite d'appeler les deux parties sur leurs téléphones portables pour qu'aucune d'elles n'ait à faire un «appel sortant».

Le système, également accessible hors de Facebook en envoyant des messages texto au serveur, permet aussi aux utilisateurs de faire des appels interurbains presque gratuits en utilisant la téléphonie par internet (VoIP).

Des versions utilisables sur les téléphones BlackBerry, Symbian et sur les futurs appareils qui fonctionneront sous Android (le système d'exploitation annoncé récemment par Google) sont également en développement.

«Nous pouvons adapter notre technologie à n'importe quelle plateforme, mais Facebook est pour nous un vecteur parfait pour nous faire connaître, affirme M. Mirzaee, Nous songeons d'ailleurs à créer un concours dans Facebook pour pousser des développeurs à créer une application encore plus conviviale. Cela nous donnerait encore plus de visibilité», estime-t-il.

Babytel

Babytel, entreprise montréalaise qui fait concurrence depuis quelques années à Skype et Vonage dans le domaine de la téléphonie par internet (VoIP), a pour sa part créé une application tout simplement intitulée «Telephone».

En l'installant, les utilisateurs savent immédiatement qui, dans leur réseau d'amis, l'ont également installée. Ils peuvent ainsi leur passer des coups de fils d'un ordinateur à l'autre sans avoir à quitter Facebook.

Selon le président de Babytel, Stephen Dorsey, «Telephone» est la toute première application de téléphonie avoir vu le jour sur Facebook, en juin dernier.

Depuis, Skype a lancé sa propre application du Facebook, qui connaît un succès assez important.

«Nous avons actuellement 5000 utilisateurs, et nous projetons en avoir 12 000 à la fin de décembre grâce au bouche à oreille sur Facebook, affirme M. Dorsey.

Bien sûr, Vonage (et Skype) peuvent créer des applications semblables et dépenser des dizaines de milliers de dollars en publicité.

Mais «Telephone» reste l'application la plus facile d'utilisation et la plus compatible», soutient-il.

Modèles d'affaires à définir

Dans les deux cas, les modèles d'affaires ne sont pas clairement définis. bOK facture à ses utilisateurs le coût du «dernier mile», soit le prix minime qui lui est chargé lorsque l'appel téléphonique termine sa course sur l'internet et embarque sur le réseau téléphonique traditionnel (sur les lignes de Bell, par exemple) ou cellulaire (Rogers, Bell, Telus).

Babytel, pour sa part, admet être pour l'instant dans une course à l'auditoire.

«L'application pourra éventuellement permettre de passer des coups de fil sur des téléphones cellulaires (ce qui générera des revenus). Nous pensons aussi vendre des «skins», qui permettront aux utilisateurs de personnaliser leur application. Mais pour l'instant, nous cherchons d'abord et avant tout à créer un bassin d'utilisateurs important; l'aspect financier viendra après», dit M. Dorsey.