À environ deux semaines de l'échéance de l'appel d'offres de 2000 mégawatts d'énergie éolienne d'Hydro-Québec, les annonces d'établissements potentiels d'usines de fabrication de composantes se multiplient en Gaspésie, parfois par souci de transparence, mais certainement par intérêt de la part des manufacturiers.

À environ deux semaines de l'échéance de l'appel d'offres de 2000 mégawatts d'énergie éolienne d'Hydro-Québec, les annonces d'établissements potentiels d'usines de fabrication de composantes se multiplient en Gaspésie, parfois par souci de transparence, mais certainement par intérêt de la part des manufacturiers.

Cette semaine, ce sont deux entreprises québécoises, AAER, de Bromont, et Multina, de Drummondville, qui ont affiché leurs couleurs, dans l'éventualité où elles seront retenues comme fournisseurs d'une partie des équipements requis pour installer les centaines de tours nécessaires pour produire ces 2 000 mégawatts d'énergie.

AAER, installée dans l'ancienne usine Hyundai, entend bâtir une usine de fabrication de pales et de nacelles à Chandler pour équiper certains des parcs éoliens à ériger entre 2009 et 2015 au Québec.

La firme planifie aussi une usine d'assemblage de panneaux de contrôle et de convertisseurs de puissance à Sainte-Anne-des-Monts dans les anciens locaux de Spielo Gaming, qui y fabriquait des terminaux de jeux vidéo. Les turbines de la firme seraient assemblées à Bromont.

Technologie allemande

«Nous avons ramené au Québec une technologie existante, sous licence, venant de manufacturiers allemands. Ce sont des machines de 1 et de 1,5 mégawatt», signale Dave Gagnon, porte-parole de AAER, à propos des turbines de Fuhrlander et des pales d'Euros.

«Ces usines sont conditionnelles à ce qu'on gagne des mégawatts dans l'appel d'offres», rappelle M. Gagnon, mais il indique que les manufactures de Chandler et de Sainte-Anne-des-Monts serviraient à alimenter des parcs éoliens hors Québec sur lesquels AAER soumissionnera.

À Chandler, AAER a réservé un million de pi2 dans le parc industriel pour construire un bâtiment de 40 000 pi2. Selon la portion des 2000 mégawatts qu'elle pourra décrocher, 20 millions $ pourraient y être investis, pour embaucher 170 personnes.

À Sainte-Anne-des-Monts, la firme pourrait améliorer le bâtiment pour 1,5 M$ et embaucher 47 personnes.

À New Richmond

Quant à Multina, après avoir annoncé en mai une préférence pour Gaspé, c'est maintenant New Richmond que la direction de la compagnie convoite. Elle n'a pas acquis de licence de fabrication de turbines et elle souhaite s'associer avec un autre turbinier allemand, Repower.

«Jusqu'en juillet, on travaillait avec (le turbinier) Clipper, mais il nous a dit qu'il avait des commandes pour cinq ans», explique Stéphane Mercier, porte-parole de Multina, une firme qui emploie 1200 personnes et dont le chiffre d'affaires s'établit à 100 M$.

Multina n'est pas assurée d'être le fournisseur exclusif de Repower en matière de pales.

«Ailleurs dans le monde, Repower se fait livrer des pales par LM Glasfiber, qui est déjà installée à Gaspé. Nous n'irons pas concurrencer LM en s'installant de l'autre côté de la rue. On s'oriente 100 % à New Richmond. On dépose aussi une offre pour des parcs éoliens de 200 mégawatts au Nouveau-Brunswick. À New Richmond, on se positionne pour desservir le nord-est américain», ajoute M. Mercier.

Mais là aussi, tout est conditionnel à l'obtention d'une partie des 2 000 mégawatts. Consciente que la pluie d'annonces hypothétiques peut engendrer de la confusion au sein du public, la ministre responsable de la Gaspésie, Nathalie Normandeau, se réjouit de l'intérêt porté vers la région.

«C'est normal, à quelques jours de l'échéance. Tout le monde essaie de se positionner, de mettre ses pions aux bonnes places. Ce n'est pas surprenant, c'est rassurant», dit-elle.

Jean Desrosiers, directeur du TechnoCentre éolien de la Gaspésie, précise de son côté que «les promoteurs doivent démontrer qu'ils répondent aux exigences de contenu régional (...) « Dans le premier bloc de 1 000 mégawatts, les gens se sont fait reprocher de ne pas être assez transparents».