Depuis le transfert de certaines activités de Bombardier Aéronautique au Mexique, des équipementiers et des PME du Québec examinent sérieusement la possibilité de suivre le mouvement.

Depuis le transfert de certaines activités de Bombardier Aéronautique au Mexique, des équipementiers et des PME du Québec examinent sérieusement la possibilité de suivre le mouvement.

L'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA), de concert avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, travaille notamment à l'organisation d'une mission commerciale au Mexique au mois de janvier.

" Bombardier pourrait être très intéressée à ce que des entreprises qui travaillent déjà avec elle s'installent là-bas pour les aider côté qualité, côté main-d'oeuvre ", observe la directrice générale de l'AQA, Sue Dabrowski.

Bombardier impose à ses fournisseurs des normes de qualité très sévères. Or, à l'heure actuelle, il n'y a pas beaucoup d'entreprises de la région de Querétaro, où s'est installée Bombardier, qui ont obtenu les certifications nécessaires en vertu de programmes établis.

Mme Dabrowski a indiqué qu'il ne s'agissait pas nécessairement de s'installer dans la région, mais de former des partenariats avec des entreprises mexicaines ou de conclure des ententes avec d'autres multinationales de l'aéronautique installées au Mexique.

C'est en octobre 2005 que Bombardier Aéronautique a annoncé l'implantation d'une usine à Querétaro pour y transférer ses activités de fabrication de harnais électriques, soit le filage électrique de ses appareils. Pas moins de 600 emplois de Montréal, de Toronto et de Wichita (au Kansas) ont ainsi pris le chemin du Sud. La raison: diminuer les coûts de production.

Depuis, Bombardier a également transféré au Mexique la fabrication de panneaux de fuselage du biréacteur régional CRJ200 et du biréacteur d'affaires Challenger 850. Ces composantes étaient fabriquées à l'usine Shorts de Bombardier, à Belfast, qui a hérité de la fabrication de sections du fuselage du turbopropulseur Q400, auparavant confié à Mitsubishi.

Mme Dabrowski note que le Mexique n'est pas pour toutes les entreprises. " Cela dépend de chaque cas ", déclare-t-elle.

Pour Bodycote Groupe d'essais, la question ne se pose pratiquement pas.

Comme l'entreprise se spécialise dans les essais sur les matériaux, elle doit s'installer à proximité des clients.

" Nous avons déjà quelque chose en marche, cela fait trois mois que nous nous apprêtons à nous installer au Mexique, affirme Don Tambling, vice-président au développement des affaires pour l'Amérique."

Bodycote Groupe d'essais s'installera à Santa Catarina, pas très loin de Querétaro. L'entreprise a déjà un contrat avec une grande entreprise aéronautique installée dans la région et espère conclure éventuellement une entente avec Bombardier au Mexique.

M. Tambling soutient que l'implantation au Mexique ne causera aucune délocalisation d'emploi au Québec, où Bodycote, une entreprise d'origine britannique, compte plus de 250 employés.

" C'est de l'ouvrage supplémentaire ", affirme-t-il.

Règle générale, les entreprises du Québec sont un peu réticentes à faire savoir qu'elles s'intéressent au Mexique.

Le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, indique que son entreprise réfléchit à cette idée, mais qu'elle n'a pas encore fait de démarche. Il insiste sur le fait que son entreprise, qui fabrique de grandes structures aéronautiques, ne transférerait à l'étranger que des pièces simples, faciles à réaliser.

" L'important pour nous, c'est de conserver la maîtrise d'oeuvre des produits complets, la conception, ainsi que la fabrication et l'assemblage des pièces les plus difficiles à faire ", déclare-t-il.

Des PME québécoises comme Aerospace Welding et Minicut International préfèrent attendre avant de faire le saut.

" C'est quelque chose que nous examinons, mais nous voulons d'abord voir les tendances, les besoins de Bombardier, indique Fabian Di Genova, vice-président d'Aerospace Welding, une entreprise spécialisée dans la révision et la réparation de pièces. En attendant, nous appuierons Bombardier. "

De son côté, le président de l'entreprise de fabrication d'outils de coupe Minicut, Eduardo Minicozzi, rappelle que les PME ont des ressources limitées.

" Il faut choisir ses batailles ", déclare-t-il.

D'autres PME n'ont pas l'intention d'aller au Mexique, comme l'entreprise d'usinage de métal Abipa Canada. Line Harvey, responsable des ressources humaines et du marketing, affirme que l'usine de Bombardier au Mexique continuera à s'approvisionner au moins en partie à Montréal.

" Quand ça fait des années que tu travailles en partenariat avec un client, tu l'aides à créer des pièces, tu as la technique, c'est difficile pour lui de tout recommencer ailleurs. "

Bombardier, elle, se tient loin du débat.

" Tout ce que nous recherchons, c'est un bon prix, un bon produit, juste à temps ", affirme le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne.

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