Français et Allemands sont parvenus lundi à un accord surprise pour doter d'un état-major simplifié le groupe aéronautique européen EADS, en crise depuis plusieurs mois.

Français et Allemands sont parvenus lundi à un accord surprise pour doter d'un état-major simplifié le groupe aéronautique européen EADS, en crise depuis plusieurs mois.

Cela a été annoncé à l'occasion d'une rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel.

Selon le nouvel organigramme entériné lors de cette rencontre au sommet à Toulouse, le Français Louis Gallois sera seul aux commandes d'EADS tandis que l'Allemand Tom Enders sera à la tête d'Airbus, l'avionneur dont la maison-mère est EADS.

Français et Allemands mettent ainsi un terme au système complexe de direction bicéphale franco-allemande d'EADS, accusé d'être à l'origine des déboires de l'A380, l'avion géant d'Airbus qui a accumulé les retards.

Si le scénario d'une direction et d'une présidence unique faisait consensus, la délicate question des nominations à chaque poste, liée à la préservation d'un équilibre franco-allemand, n'a été tranchée que dimanche soir, selon une source proche du dossier.

Le capital d'EADS est réparti entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec d'un côté Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%) et l'État français (15%), de l'autre DaimlerChrysler (15%) et un consortium d'investisseurs (7,5%) incluant des Länder allemands.

Lors d'une conférence de presse commune avec Angela Merkel, Nicolas Sarkozy s'est félicité de la nouvelle organisation du groupe, soulignant que Paris et Berlin ont su surmonter leurs divergences.

«On n'avait pas le droit de se diviser alors qu'il y a l'emploi de dizaines de milliers de salariés en Allemagne, en France et dans toute l'Europe qui était en jeu», a-t-il dit.

«On s'est tous mis d'accord, tous les actionnaires, pour doter l'entreprise d'une structure de direction normale, monocéphale : un responsable à chaque étage», a expliqué M. Sarkozy. «Airbus, EADS, ce sont des entreprises qui doivent être dirigées comme des entreprises et non pas comme des organisations internationales», a-t-il ajouté.

«Les Allemands sont très contents», a déclaré de son côté Mme Merkel, en se félicitant d'«un organigramme efficace, équilibré» qui devrait permettre que «les dirigeants s'entendent bien entre eux et puissent bien travailler ensemble».

«Je crois que nous vous avons proposé une bonne solution pour l'avenir d'EADS et d'Airbus», a conclu la chancelière.

L'accord avait été annoncé à la presse par Tom Enders avant même l'arrivée de M. Sarkozy et Mme Merkel au siège d'Airbus à Toulouse. Il prévoit aussi que l'Allemand Rüdiger Grube, qui partageait avec le Français Arnaud Lagardère la présidence du conseil d'administration du groupe, reste seul à ce poste.

M. Sarkozy a ensuite précisé que cette présidence serait occupée en alternance, tous les cinq ans, par un Allemand et un Français, en remplacement du système de coprésidence actuel.

«Maintenant, l'entreprise est dotée d'une structure de direction claire. C'est une solution équitable. Il n'y a pas de vainqueur. Seul EADS est vainqueur», a assuré M. Enders.

Interrogé sur le plan de restructuration «Power8» mis en oeuvre chez Airbus par Louis Gallois et qui prévoit la suppression de 10 000 emplois, M. Enders a précisé qu'il n'y aurait «pas de rupture chez Airbus».

Nicolas Sarkozy, qui a érigé le dossier EADS en «priorité» dès le début de son mandat, a déjeuné à Toulouse auprès d'Angela Merkel avec des salariés d'Airbus.

Les deux dirigeants devaient aborder dans l'après-midi une série de sujets sur lesquels sont apparus des différends, notamment l'indépendance de la banque centrale européenne (BCE) et la politique de l'euro fort.