Vous êtes entrepreneur et vous tremblez devant la menace chinoise? C'est bon signe. Votre crainte sera peut-être «le coup de pied au derrière qui vous obligera à repenser votre entreprise». Et à la rendre plus forte.

Vous êtes entrepreneur et vous tremblez devant la menace chinoise? C'est bon signe. Votre crainte sera peut-être «le coup de pied au derrière qui vous obligera à repenser votre entreprise». Et à la rendre plus forte.

C'est ce qu'a expliqué à La Presse Affaires Alain-Marie Carron, directeur conseil de Secor-Taktik, en marge d'une conférence prononcée jeudi sur les «modèles de riposte» à opposer à la concurrence chinoise.

La firme Secor a décortiqué les stratégies déployées par une trentaine d'entreprises qui ont su résister à la menace chinoise ou en ont profité. Conclusion: celles qui s'en tirent le mieux sont celles qui, comme les maîtres d'art martiaux, utilisent la force de leur adversaire pour marquer des points.

Prenez une entreprise comme Poulies Maska, une PME de Sainte-Claire qui fabrique des poulies de bronze.

«La production, a priori, n'est pas facile à protéger de la concurrence des pays émergents», observe M. Carron.

L'entreprise, pourtant, s'est très bien tirée d'affaire. Question de battre les Chinois sur leur propre terrain, elle a déménagé 40% de sa production chez eux -surtout des activités à faible valeur ajoutée qui lui coûtent maintenant moins cher à produire.

En parallèle, elle a automatisé sa production canadienne pour réduire encore ses coûts et miser sur la qualité.

À travers un joyeux fouillis «d'axes principaux de riposte», «d'axes de différentiation», de «leviers complémentaires et externes» et de "clés indispensable à la réussite», Secor tire finalement des conclusions somme toute bien simples de son étude: pour battre les Chinois, les entreprises ont le choix entre mieux fabriquer, mieux s'approvisionner, mieux innover ou mieux développer leur marque. Ou faire un peu tout cela.

«Ce n'est pas une étude à scoops, admet M. Carron. Sauf qu'on vient valider des concepts qu'on voyait dans les livres. Nous avons parlé à des entreprises qui nous disent: J'ai fait ça, et ça a marché. Nous croyons que cela pourra en inspirer d'autres.»

Il se dit renversé de voir à quel point la Chine peut faire basculer une PME québécoise autant vers le pire... que vers le meilleur.

«Le destin d'une PME peut dépendre d'une seule personne rencontrée dans une foire commerciale», lance-t-il. Et celles qui survivent se découvrent souvent un nouvel élan.

«J'ai entendu des entreprises dire: maintenant qu'on a survécu à la Chine, on s'attaque au Moyen-Orient. La Chine donne souvent un autre esprit à l'entreprise, elle lui permet d'élargir ses idées. D'une menace, elle se transforme en catalyseur.»