Le constructeur de voitures de luxe Porsche, en augmentant sa participation dans Volkswagen à 30,9%, ouvre la voie à une prise de contrôle du constructeur de la «voiture du peuple».

Le constructeur de voitures de luxe Porsche, en augmentant sa participation dans Volkswagen à 30,9%, ouvre la voie à une prise de contrôle du constructeur de la «voiture du peuple».

Elle fait cela dans le but affiché de défendre sa cible contre l'appétit d'investisseurs étrangers.

Le groupe de Stuttgart a exercé une option d'achat portant sur 3,6% du capital du constructeur automobile Volkswagen, a-t-il indiqué lundi dans un bref communiqué boursier. Le transfert des actions sera effectif mercredi.

Le franchissement de la barre des 30% va donc le contraindre à lancer une offre de rachat obligatoire sur le numéro un européen de l'automobile, à une date pas encore précisée.

Samedi, il avait déjà indiqué qu'il proposerait le prix minimum autorisé, soit 100,92 euros par action, largement inférieur au cours actuel (112,15 euros en matinée). À ces conditions, peu d'actionnaires seront séduits, mais ce n'est pas le but recherché par Porsche, qui a dit ne pas viser un rachat complet de son cousin de Wolfsburg, pour le moment.

La manoeuvre est «élégante», estime Robert Herberger, analyste chez Merck Finck. «Le message de Porsche est le suivant : oui, nous prévoyons d'augmenter notre participation et notre influence sur Volkswagen, mais pas à n'importe quel prix», ajoute-t-il.

Si l'offre échoue comme prévu, Porsche pourra continuer à faire grimper progressivement sa participation jusqu'à 50%, nouveau seuil à partir duquel il est obligé de publier le montant de sa part.

Pour tous les observateurs, cela ne fait guère de doute : le constructeur de la célèbre 911 veut s'emparer du fabricant de la Golf. Ce qui au premier abord peut sembler surprenant. Porsche, dont les ventes mondiales ont atteint quelque 96 800 unités en 2005/06, opère dans une niche, les bolides de sport.

Groupe automobile le plus rentable au monde, il a dégagé en bénéfice net de 1,39 milliard d'euros. Volkswagen a empoché 2,75 milliards en 2006, mais avec des ventes de quelque 5,7 millions de voitures...

Porsche explique qu'il défend ses propres intérêts. «Si un hedge fund (fonds d'investissement hautement spéculatif) démantèle VW (...) nous pourrions perdre notre partenaire le plus important,» a souligné son président du directoire Wendelin Wiedeking dans une interview au quotidien Bild de lundi. Les deux groupes ont notamment développé en commun les tout-terrain Touareg et Cayenne.

Le temps presse, car les jours de la loi Volkswagen, qui empêche à tout actionnaire de détenir plus de 20% des droits de vote du groupe quelle que soit la hauteur de sa participation, est appelée à disparaître prochainement à l'initiative de la Commission européenne, qui la juge contraire au droit européen.

Avec Porsche et l'État de Basse-Saxe, deuxième actionnaire qui a affirmé lundi l'intention de garder sa part d'un peu plus de 20%, VW paraît à l'abri.

Au delà, il s'agit aussi de garantir l'avenir d'un grand groupe automobile allemand d'envergure mondiale, dans un secteur où la concurrence est sévère.

Et c'est le grand dessein de Ferdinand Piëch, actuel président du conseil de surveillance de VW dont il a été auparavant président du directoire, mais aussi co-propriétaire de Porsche. La lente prise en main de VW par Porsche est considérée comme son oeuvre.

Il travaille aussi à réunir, sous l'égide de VW, les constructeurs de camions allemand MAN et suédois Scania pour en faire un nouveau numéro un en Europe, auquel Volkswagen rajouterait aussi sa division poids-lourds.

«Les pièces du puzzle s'assemblent vers une image d'ensemble. Et cette image, c'est le rêve de toute une vie de (...) Ferdinand Piëch», soulignait l'éditorialiste du Stuttgarter Zeitung lundi.