Sans surprise, la Chine a enregistré l'an dernier un nouveau record de son excédent commercial qui ne devrait pas manquer de conforter les partisans d'une réévaluation du yuan.

Sans surprise, la Chine a enregistré l'an dernier un nouveau record de son excédent commercial qui ne devrait pas manquer de conforter les partisans d'une réévaluation du yuan.

Cet excédent, de 101,9 G$ US en 2005, a atteint 177,47 G$ US, soit un bond de 74% en glissement annuel, a annoncé mercredi l'agence Chine Nouvelle citant les Douanes.

Les exportations ont progressé de 27,2% en glissement annuel à 969,08 G$ US, tandis que les importations, en hausse de 20%, ont atteint 791,61 G$ US, selon la même source.

Les analystes s'attendaient à ce que l'excédent atteigne de 170 à 180 G$ US en 2006.

«Les chiffres, déjà importants au point d'en être effrayants, semblent grossir chaque mois», soulignait Stephen Green, économiste de Standard Chartered, dans une récente analyse.

Cet excédent est un traditionnel sujet de friction avec l'étranger, notamment les États-Unis, qui attribuent largement la compétitivité chinoise à une sous-évaluation du yuan, rendant les exportations du géant asiatique avantageuses.

Entre sa réévaluation de juillet 2005 et la fin de 2006, le yuan a pris plus de 3,8%, mais cela reste trop peu aux yeux des partenaires commerciaux de la Chine.

«La pression des États-Unis perdurera tant que l'excédent sera énorme», a commenté Song Guoqing, professeur d'économie à l'Université de Beijing.

«Il faut que nous continuions à accroître la valeur du yuan -- de 5% ou plus en 2007. D'autant qu'il y a un décalage entre l'appréciation et ses effets», a-t-il ajouté, n'hésitant pas à prévoir un excédent de 250 milliards cette année.

Sun Mingchun, chef économiste de Lehman Brothers à Hong Kong, estime également que «l'excédent va continuer de croître cette année», «mais pas autant qu'en 2006».

«Une des raisons est que le yuan va continuer de s'apprécier. Nous prévoyons 4%. L'autre est que le gouvernement fait beaucoup d'efforts pour ralentir l'excédent».

Ces derniers mois, Beijing, qui ne cache pas être embarrassé par l'ampleur de son surplus et le déséquilibre économique dont il témoigne, a en effet pris une série de mesures pour tenter de l'endiguer.

Il a notamment augmenté, parfois de façon temporaire, de nombreuses taxes à l'exportation, en profitant pour cibler les produits gourmands en énergie ou polluants.

Mais, parallèlement, d'autres mesures macro-économiques pour ralentir les investissements chez le géant asiatique ont aussi conduit, par ricochet, à une augmentation des exportations et à un ralentissement des importations.

L'un des problèmes que pose le trop grand succès du commerce est qu'il contribue à gonfler les réserves de changes chinoises, dont la gestion est déjà un véritable défi.

La quatrième économie mondiale, dont le PIB, selon les estimations, a encore crû de 10,5% en 2006, possède désormais plus de 1000 G$ US de réserves dans ses coffres, alimentant un grand débat sur leur utilisation et leur diversification possibles.

Or, pour Stephen Green, le cap des 2000 G$ US «pourrait être atteint d'ici à 2009 faute de changement de politique majeur».

Pourtant, «la Chine ne porte pas toute la responsabilité de son excédent», affirme encore Sun Mingchun.

Dans leurs différends avec les États-Unis, les responsables chinois font souvent valoir qu'ils importeraient davantage si Washington levait ses restrictions sur les ventes de produits de haute technologie à la Chine.

Ils mettent aussi de plus en plus en avant le rôle des compagnies étrangères installées sur leur sol : 60% des exportations chinoises sortent d'usines à capitaux étrangers.