Poids plus important accordé aux grandes économies émergentes au sein du Fonds monétaire international et plan anti-corruption dans les pays pauvres à la Banque mondiale: les deux institutions ont adopté lundi deux projets importants mais encore controversés.

Poids plus important accordé aux grandes économies émergentes au sein du Fonds monétaire international et plan anti-corruption dans les pays pauvres à la Banque mondiale: les deux institutions ont adopté lundi deux projets importants mais encore controversés.

Dans le cas du FMI, les Etats membres, réunis à Singapour pour une assemblée annuelle, ont approuvé à une majorité de 90,6% un projet qui va dans l'immédiat augmenter les droits de vote (quote-part) et donc l'influence sur les prises de décision, de la Chine, de la Corée du Sud, de la Turquie et du Mexique.

La revalorisation est marginale mais elle a valeur de symbole pour une institution née il y a 61 ans, qui tente de s'adapter à la mondialisation.

Le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, a parlé d'une réforme "extrêmement importante pour l'avenir de l'institution".

Dans un deuxième temps, d'ici deux ans, le projet approuvé lundi à la veille de l'assemblée annuelle du FMI prévoit que le mode de calcul des droits de vote de tous les Etats soit revu. Une deuxième vague de pays émergents en profitera. L'idée est d'accorder plus d'importance à la richesse produite par les pays (produit intérieur Brut).

Les négociations s'annoncent difficile. De nombreux pays émergents, en Amérique latine surtout, ont jugé le rééquilibrage proposé très insuffisant. Les ONG accusent les Etats-Unis et l'Europe, qui dominent le FMI, de s'accrocher à leurs privilèges et de ne faire que des concessions cosmétiques.

Ce toilettage fait partie d'un programme de modernisation du FMI pour lui permettre de préserver sa légitimité au 21ème siècle. Un autre chantier débattu à Singapour en fait partie: le FMI va se doter d'un nouvel outil, appelé "surveillance multilatérale", afin de prévenir d'éventuelles crises financières dans le monde, en particulier en matière de taux de changes.

Du côté de la Banque mondiale, institution soeur du FMI, le vaste plan anti-corruption de son président Paul Wolfowitz a reçu l'aval de principe de l'instance dirigeante, le Comité de développement. Mais avec des réserves car la plupart des pays membres craignent que la lutte contre la pauvreté, mission première de la banque, soit occultée.

Le Comité de développement a indiqué que le conseil d'administration (de la Banque mondiale) surveillera "de près" la nouvelle stratégie mise en oeuvre, pour éviter tout dérapage.

Ce conseil regroupe les 24 représentants des 184 Etats membres et siège à Washington.

"Nous sommes nombreux à rappeler que la lutte contre la corruption n'est qu'un des aspects" de la lutte contre la pauvreté, a indiqué la ministre française déléguée à la coopération et au développement, Brigitte Girardin.

"La nouvelle stratégie de la Banque mondiale sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ne devrait pas mettre en danger la mission principale de la Banque, à savoir la réduction de la pauvreté", a également souligné le ministre sud-africain des Finances, Trevor Manuel.

L'ancien "faucon" du Pentagone Paul Wolfowitz, à la tête de la Banque mondiale depuis 15 mois, mène une campagne acharnée depuis le printemps en faveur de sa nouvelle stratégie.

Il est en revanche, et sans surprise, plébiscité par le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson. "Il faut régler ce problème", a-t-il dit à la presse, "je partage pleinement l'idée de Paul" Wolfowitz.

Pour le ministre chinois des finances, Jin Renqing, dont le pays est régulièrement épinglé en matière de corruption, la Banque mondiale devrait se garder de "politiser" ses activités.

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