Bonne nouvelle: Caroline vient de toucher 145 000$ en héritage de ses parents.

Bonne nouvelle: Caroline vient de toucher 145 000$ en héritage de ses parents.

Meilleure nouvelle: ils sont encore vivants.

Le beau problème: reste à savoir comment utiliser cet argent.

Caroline est encore au début de la trentaine et n'a pas d'enfant. En juillet dernier - avant de savoir que cet héritage allait tomber du ciel -, elle a acheté avec son conjoint une maison dans la région de Montréal, au prix de 237 000$. L'hypothèque de 185 000$ entraîne des mensualités de 1200$, assurances comprises.

Depuis six ans qu'elle est sur le marché du travail, elle a accumulé 25 000$ dans son REER. "Je prends toujours le maximum", assure-t-elle.

Elle vient de poser son sac chez un nouvel employeur et elle se montre intéressée à participer à ses régimes de retraite et d'achats d'actions.

Par où commencer?

Feu vert, feu rouge...

Le planificateur financier Raphaël Hainault a attaqué ses questions une à la fois.

Approuvant les intentions de Caroline, il lui conseille d'abord de rembourser immédiatement le solde de son RAP de 8000$. Cette somme avait été tirée de son compte REER en 2006, à l'occasion de l'achat d'une première propriété, revendue cette année.

Il lui recommande également de se prévaloir dès maintenant de ses droits de cotisation REER inutilisés, qui s'élèvent à 9800$ pour 2007. "Cela permettra de mettre tout de suite une partie de l'argent à l'abri de l'impôt", indique-t-il.

Caroline se demande à ce propos si elle devrait racheter les droits inutilisés de son conjoint, qui accuse un lourd retard à cet égard.

Feu rouge, répond Raphaël Hainault. Les deux conjoints ne sont pas mariés et n'ont pas signé de convention de vie commune. Si une séparation survenait, les sommes que Caroline aurait versées dans le REER de son conjoint resteraient la propriété de celui-ci. "Elle gère ses avoirs de façon distincte et elle perdrait le contrôle d'une partie de l'argent qu'elle a reçu", fait-il valoir encore. En outre, si le fisc avait vent de la manoeuvre, Caroline pourrait être imposée pour certains des revenus que produiraient les sommes versées au REER de son conjoint. "Il n'est pas permis généralement de donner des actifs à votre conjoint dans le but de réduire vos impôts", souligne-t-il.

Caroline se demande si elle devrait utiliser son héritage pour rembourser l'hypothèque. "Mais j'ai déjà avancé la presque totalité de la mise de fonds de 48 000$ lors de l'achat", ajoute-t-elle aussitôt.

En d'autres circonstances, notre planificateur aurait en effet envisagé cette voie, "parce que Caroline aurait été certaine d'économiser 6% d'intérêts, alors que le rendement boursier est incertain". Dans ce cas-ci, toutefois, puisque Caroline n'a pas besoin de cette somme, qu'elle ne veut pas rembourser la part de son conjoint, qu'elle prévoit vendre sa maison dans quelques années et qu'elle est prête à embrasser le marché boursier, mieux vaut privilégier l'investissement. Un remboursement excédant 15% du montant original de l'hypothèque aurait en effet entraîné des pénalités. En outre, pour éviter qu'en cas de séparation, la moitié du remboursement supplémentaire soit considérée comme un don au conjoint, il aurait fallu refaire un contrat notarié.

À propos de placement...

Avec le reste de son héritage, Caroline devrait-elle investir sur le marché boursier? En cas d'urgence, elle devrait d'abord conserver l'équivalant de trois mois de dépenses en placements facilement encaissables, comme des CPG rachetables, des comptes d'épargne à intérêts élevés, des fonds monétaires.

L'excédent, si elle n'en prévoit pas bientôt l'usage, pourra être investi pour obtenir de meilleurs rendements à long terme.

M. Hainault observe d'ailleurs un contraste entre l'importante tolérance au risque que Caroline exprime, et la grande prudence de ses placements. Il suggère une proportion d'actions variant entre 60 et 70% de la valeur de son portefeuille. Caroline détient des investissements dans plusieurs institutions, ce qui multiplie les frais administratifs et complexifie la gestion, "sans procurer une grande valeur ajoutée au portefeuille", insiste-t-il. "Un ou deux bons fonds équilibrés peuvent très bien convenir à une bonne gestion de portefeuille. Vous laissez alors au gestionnaire le choix des titres, des secteurs économiques et des marchées à privilégier."

Cet investissement pourrait être concentré dans le REER collectif de son nouvel employeur, qui offre l'avantage de frais d'administration réduits - "sous réserve d'une analyse plus approfondie de leur risque et de leur rendement", ajoute notre conseiller.

Caroline est également intéressée à participer au régime d'achat d'actions de son nouvel employeur. Excellente idée: "Après quatre ans de participation, votre employeur pourrait verser jusqu'à 5% de votre salaire au régime - davantage que plusieurs régimes de retraite", répond M. Hainault. Elle devra cependant veiller à ce que ce titre n'en vienne pas à occuper une trop grande place dans son portefeuille. L'expert recommande "de vendre une partie des actions lorsque leur proportion excède les 10 à 15%, même si le titre a monté."

Encore un beau problème...

LA SITUATION

Caroline, dans la jeune trentaine, vient de toucher un héritage inattendu de 145 000$. Comment l'utiliser au mieux? Rembourser son RAP? Son hypothèque? Investir?

"Étant en couple, mais sans enfant, et ayant un emploi stable et des économies, je me demande quoi faire de cet héritage, et surtout où et comment le placer." - Caroline

LES FAITS

Revenu: 52 000$

REER: 25 000$

Régimes de retraite d'employeurs précédents: 35 000$

Solde RAP: 8000$

Placements non enregistrés: 18 500$

Hypothèque: 189 500$

LES SUGGESTIONS

Liste de priorités: rembourser le RAP, se prévaloir de ses droits de cotisation REER inutilisés, prévoir un coussin d'urgence. Par contre, notamment en raison des disparités dans les contributions des deux conjoints de fait, mieux vaut privilégier les investissements boursiers que le remboursement de l'hypothèque commune.

"Je recommande de rédiger des testaments et des mandats en cas d'inaptitude notariés. " - Raphaël Hainault