Pour l'heure, Lower Churchill demeure le projet hydroélectrique le plus prometteur qui ne soit pas encore exploité en Amérique du Nord, selon Ed Martin, président et chef de la direction d'Hydro Terre-Neuve-et-Labrador.

Pour l'heure, Lower Churchill demeure le projet hydroélectrique le plus prometteur qui ne soit pas encore exploité en Amérique du Nord, selon Ed Martin, président et chef de la direction d'Hydro Terre-Neuve-et-Labrador.

Le projet comporte deux volets: la rivière Gull Island, située à 225 kilomètres des chutes Churchill, et la rivière Muskrat, qui est située à 60 kilomètres de Gull Island.

La centrale qui sera construite sur la rivière Gull Island sera ouverte en 2015 et produira 2000 mégawatts. La centrale de la rivière Muskrat ouvrira ses portes

deux ans plus tard et produira 824 mégawatts. Hydro Terre-Neuve a déjà accordé des contrats d'ingénierie à trois importantes firmes: Hatch Energy, SNC-lavalin, et Fugro-Jacques/StatNett.

«Ces trois firmes nous offrent quelque chose dont nous avons besoin pour lancer le projet. StatNett nous amène l'expérience européenne en matière de liens sousmarins», indique M. Martin.

Le PDG précise aussi que les négociations avec les autochtones vont bon train. Hydro Terre-Neuve est même prêt à offrir aux Inuits des avantages financiers importants pour que ce projet aille de l'avant.

«Nous savons pertinemment que nous devons conclure une entente avec eux. Les choses se déroulent assez bien. Nous leur avons offert des actions dans le projet (equity stake). Ils sont assez réceptifs», dit-il.

En février 2006, Terre-Neuve a tout de même déposé une demande auprès de Hydro-Québec TransÉnergie pour transmettre l'électricité de Lower Churchill aux ma rchés du Québec, de l'Ontario, des provinces maritimes et des États du nord-est américain.

«Nous sommes en affaires pour vendre de l'électricité. Nous avons aussi fait la même demande au Nouveau-Brunswick pour acheminer l'électricité aux États-Unis (par le lien sous-marin). C'est ma tâche de faire tout cela. On m'a demandé de mettre sur papier les meilleures options pour la province. Il incombera ensuite aux dirigeants de prendre la meilleure décision pour l'avenir économique de la province», dit-il.

En entrevue, M. Martin affirme à plusieurs reprises que les relations entre Hydro-Québec et Terre-Neuve sont bonnes.

Mais il prend soin aussi de souligner en des termes diplomatiques que Terre-Neuve ne signera plus d'entente à rabais, comme ce fut le cas pour Churchill Falls.

Cette entente, valide pour 65 ans, qui est entrée en vigueur en 1976 et permet à Hydro-Québec d'exploiter la presque totalité de la production de la centrale Churchill Falls, a longtemps été une pomme de discorde entre les deux provinces. Terre-Neuve a tenté de faire annuler ce contrat par la Cour suprême dans les années 90.

«Nous sommes des partenaires depuis longtemps. Mais je suis un homme d'affaires. Je veux que le projet d'affaire soit rentable pour tout le monde. Nous nous donnons des options dans un environnement concurrentiel normal. Je dois préparer la meilleure proposition d'affaire et la soumettre à mes actionnaires», dit-il.

Chose certaine, le temps joue en faveur de Terre-Neuve puisque la demande d'électricité continuera de croître. En 2015, la Nouvelle-Angleterre devra composer avec une pénurie de 4000 à 5000 mégawatts. En Ontario, le manque à gagner sera de 10 000 mégawatts lorsque la province aura fermé ses centrales au charbon.

«On devrait voir ce projet comme un projet canadien. La raison? Terre-Neuve et Labrador a une petite population (650 000 personnes). Nous allons veiller à nos besoins d'abord et avant tout, cela ne fait nul doute. Mais une fois que cela sera fait, nous allons avoir beaucoup d'énergie à vendre», ajoute M. Martin.