Les travailleurs québécois estiment que malgré toute la sensibilité qui entoure le terme «accommodement raisonnable», leurs employeurs sont ouverts à l'idée de répondre à des besoins spéciaux.

Les travailleurs québécois estiment que malgré toute la sensibilité qui entoure le terme «accommodement raisonnable», leurs employeurs sont ouverts à l'idée de répondre à des besoins spéciaux.

C'est ce que révèle un sondage réalisé en avril par la firme CROP pour le compte de l'Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec (ORHRI).

Les répondants croient dans une proportion de 90% que leur employeur est prêt à accorder des droits pour une grossesse, 81% pour la conciliation entre le travail et la vie personnelle, 74% pour un handicap, 72% pour la liberté religieuse et 65% pour un problème de santé.

En matière de religion, 72% des travailleurs québécois estiment leur employeur se montre ouvert d'esprit pour un accommodement. La proportion passe à 82% chez les non-francophones, alors qu'elle est de 70% chez les francophones.

«Même si les récents événements ont tendance à limiter cette notion à la religion, il faut savoir qu'au travail comme ailleurs, l'obligation d'accommodement va bien au-delà du strict point de vue religieux», avance Florent Francoeur, PDG de l'ORHRI.

«On peut penser aux handicaps ou aux déficiences physiques, par exemple», précise M. Francoeur.

Il reste à voir quels types d'accommodements semblent prioritaires pour les employés. Selon le sondage, 62% voient la conciliation entre le travail et la famille ou la vie personnelle comme ce qui est le plus important.

Les autres accommodements se trouvent loin derrière: 11% des travailleurs favorisent la question de la grossesse, 6% accordent la priorité aux handicaps de tous genres et... 1% voient la religion comme une priorité.

Florent Francoeur double ses commentaires de quelques avertissements.

«Comme l'interdiction de discrimination dans les milieux de travail découle de principes fondamentaux inscrits notamment dans les chartes et la législation du travail, il serait hasardeux de dicter aux employeurs une quelconque priorité en matière d'accommodement», dit le PDG de l'ORHRI.

«Peu importe l'objet de l'accommodement, ajoute-t-il, les employeurs doivent cependant demeurer vigilants en évitant qu'il devienne une contrainte excessive pour l'organisation ou qu'il crée une injustice pour les autres travailleurs.»

Par ailleurs, l'enquête de CROP relève que 84% des répondants jugent leur milieu de travail s'avère ouvert envers les employés issus des minorités religieuses ou culturelles. L'âge change certainement la perception, car la proportion grimpe à un sommet de 92% chez ceux âgés de 18 à 34 ans.

Le nombre de travailleurs qui disent observer la même chose varie aussi selon la géographie, avec des pourcentages respectifs de 89% et 84% à Montréal et Québec, ainsi que de 77% ailleurs dans la province.

Le sondage a été réalisé du 19 au 29 avril auprès de 494 travailleurs au Québec.