Que faire lorsque l'on est une brillante avocate, carriériste de son propre aveu, travaillant depuis plus de six ans à un rythme effréné dans un cabinet d'avocats montréalais et désireuse d'avoir, pas deux, mais quatre enfants? Pascale Pageau a trouvé la réponse. Elle a quitté son emploi pour créer, Delegatus, un cabinet juridique virtuel.

Que faire lorsque l'on est une brillante avocate, carriériste de son propre aveu, travaillant depuis plus de six ans à un rythme effréné dans un cabinet d'avocats montréalais et désireuse d'avoir, pas deux, mais quatre enfants? Pascale Pageau a trouvé la réponse. Elle a quitté son emploi pour créer, Delegatus, un cabinet juridique virtuel.

«Ma vie a changé quand j'ai décidé d'avoir des enfants, raconte la jeune avocate, spécialisée en litige commercial. J'avais une carrière très exigeante et un conjoint également avocat dans un grand cabinet. Avec des enfants, ça devenait quasi impossible à gérer.»

C'est durant son deuxième congé de maternité que l'idée de lancer son affaire a germé. Mais pas question de «faire n'importe quoi», avertit la présidente sortante de l'Association du jeune barreau de Montréal. Son entreprise doit permettre une meilleure accessibilité à la justice.

«Quand je travaillais dans les bureaux d'avocats, je trouvais que mon taux horaire était trop élevé, dit-elle. Je facturais entre 275 et 300 $ l'heure. Je trouvais que ça n'avait pas d'allure car moi-même, je n'aurais pas été capable de me payer mes propres services.»

Pascale Pageau a donc décidé d'offrir ses services juridiques à 150 $ l'heure pour les rendre accessibles aux plus petites entreprises et les entreprises en démarrage.

Comment a-t-elle réussi ce tour de force? En choisissant de créer un bureau virtuel www.delegatus.ca, la jeune avocate affirme avoir réduit de moitié les frais d'infrastructure.

«J'ai pu observer que ce qui coûte le plus cher, dans les grands cabinets d'avocats, ce sont les coûts opérationnels et l'infrastructure pour lesquels le client paie.»

D'autant plus que, traditionnellement, les grands bureaux d'avocats montréalais sont au centre-ville, occupant des étages entiers où ils accueillent leurs clients. «C'est une perte de temps pour le client et pas nécessairement à son service. À Delegatus, nous nous déplaçons chez lui», dit Me Pageau.

Le monde des avocats, pourtant conservateur, admet-elle, a bien réagi à la venue de Delegatus. Certains de ses anciens employeurs lui envoient même des clients.

«Je ne suis pas en compétition avec eux, explique-t-elle. Je crois simplement qu'il y a des dossiers qui ne peuvent pas justifier les taux horaires des grands cabinets et je m'occupe de ceux-là.»

Delegatus agit aussi à titre de sous-traitant auprès des grands bureaux d'avocats. «On fait beaucoup d'aide ponctuelle lors d'une surcharge temporaire de travail ou de congés maternité.»

Depuis sa création en juin 2005, le bureau d'avocats a traité quelque 70 dossiers, notamment pour la jeune agence Montréal Étudiants International et l'entreprise Structures Métropolitaines, qui représente 80 % des logements locatifs de L'Île-des-Soeurs.

Réussir le démarrage

Pascale Pageau veut concentrer davantage ses efforts sur les entreprises en démarrage, tant pour leur incorporation, la mise en place des outils juridiques, la légalité des contrats et documents officiels que les relations avec leurs fournisseurs.

«Les jeunes entrepreneurs réalisent rapidement qu'il est important que leurs documents de base soient faits de façon minutieuse, car il y a au-delà de 70 % des nouvelles entreprises qui n'existent plus, après un an», note Me Pageau.

L'avocate voudrait créer un réflexe inné parmi la nouvelle génération d'entrepreneurs. «La pensée magique ne suffit pas, dit-elle. La faillite n'arrive pas juste aux autres. Surtout pour les entreprises qui sont cautionnées par des parents et amis. C'est immense, la responsabilité dans laquelle on s'engage.»

Et la jeune entrepreneure sait de quoi elle parle. Elle a lancé son entreprise sans aucune aide financière. «C'est très difficile quand on est avocat, notaire ou comptable, d'avoir de l'aide financière du gouvernement. Ils essaient d'aider davantage les entreprises qui vont créer facilement plus d'emplois.»

Malgré tout, Delegatus se porte bien. Pour les huit premiers mois, son chiffre d'affaires avoisine les 80 000 $. Un chiffre que Pascale Pageau entend multiplier par 1,5 pour la deuxième année et ce, même si elle a embauché trois avocates d'expérience.

Pour elle, son entreprise est à l'image de sa profession. «Notre pratique change. Pour survivre, les avocats doivent devenir des hommes et des femmes d'affaires. Le droit devient de plus en plus complexe et c'est important de développer ces qualités d'entrepreneur.»

Elle espère d'ailleurs devenir un modèle pour ses collègues du barreau qui l'ont vue lancer un cabinet aux méthodes de travail non conventionnelles et «sortir des buissons», confie-t-elle avec un grand sourire.

LE CONCEPT

Un bureau d'avocats d'affaires virtuel qui offre ses services aux entreprises en démarrage et aux PME.

POURQUOI ON AIME

Parce que les petites entreprises ont enfin droit aux mêmes services juridiques que les grandes, mais à un prix raisonnable. Pour la détermination de la fondatrice qui a réussi à rompre avec le conservatisme du milieu juridique et à faire le grand saut dans l'entrepreneuriat.