Achats d'entreprises, fermetures d'usines et règlement du conflit du bois d'oeuvre: les producteurs de pâtes et papier et les sociétés forestières font de plus en plus les manchettes depuis l'automne dernier.

Achats d'entreprises, fermetures d'usines et règlement du conflit du bois d'oeuvre: les producteurs de pâtes et papier et les sociétés forestières font de plus en plus les manchettes depuis l'automne dernier.

Lundi, c'était au tour de la québécoise Abitibi-Consolidated et de l'américaine Bowater d'annoncer leur mariage au grand plaisir des boursicoteurs.

Est-ce le temps de se tourner vers les titres de cette industrie longtemps boudée par les investisseurs ?

Pas vraiment, estiment les spécialistes consultés, car la situation est encore difficile.

Oui, les grands acteurs institutionnels commencent à faire le plein de titres et il y a des occasions intéressantes, en raison des faibles évaluations, si on prend le temps de faire une bonne sélection. Parmi leurs choix, on retrouve notamment les producteurs de bois d'oeuvre Canfor, Interfor et West Fraser Timber.

Mais, du côté des pâtes et papier, mieux vaut attendre encore un peu pour voir si les fusions Domtar/Weyerhaeuser, Cascades/Norampac et Abitibi/Bowater se traduiront par des hausses de prix.

Sans compter que l'industrie est à la merci d'une hausse du dollar canadien, si dommageable pour les profits.

Benoit Laprade, analyste pour Scotia Capitaux, souligne que les fusions d'entreprises sont nécessaires pour redonner de la vigueur à l'industrie.

«Il faut réduire les capacités de production pour faire face à la baisse de la demande (surtout pour le papier journal) et aux coûts élevés», explique-t-il.

À la suite de la dernière transaction, il établit son cours cible d'ici un an à 4 $ pour Abitibi et à 30 $ US pour Bowater.

Cela dit, il rappelle qu'il s'agit d'une industrie cyclique, peu homogène, dans laquelle plusieurs entreprises sont très endettées. «Dans ce cas, la sélection de titres a toute son importance», dit l'analyste.

Il choisit les producteurs de bois d'oeuvre Canfor, Interfor et West Fraser Timber car ils disposent d'un bilan solide et ils sont en mesure de verser des dividendes, de racheter des actions ou de faire des acquisitions.

M. Laprade ajoute que l'action de Domtar devient aussi attrayante. Avec le remboursement des droits compensatoires, la vente de Norampac et la transaction avec Weyerhaeuser son ratio dette/capitalisation totale passera de 57 % à environ 40 %.

Pierre Lacroix, analyste pour Valeurs mobilières Desjardins, pense qu'il faut aussi acheter Canfor et West Fraser Timber sur faiblesse pour être prêt au prochain cycle haussier de l'immobilier aux États-Unis prévu en 2008/2009.

Par ailleurs, il pense que Norbord, le fabricant de panneaux à lamelles orientées (OSB) pourrait être la cible d'une acquisition. Pour le moment, le cours de son action est élevé. Le spécialiste recommande d'attendre un repli avant d'en acheter.

D'autre part, il s'intéresse aussi à Cascades, un titre défensif.

«L'équipe de direction est solide et elle offre une gamme de produits intéressantes liée à l'emballage et aux produits de consommation.»

Du côté du bois d'oeuvre, M. Lacroix ne serait pas surpris si Tembec, Domtar ou Kruger participaient à une consolidation à plus petite échelle au niveau des divisions de sciage dans l'est du pays.

«Il s'agit d'un volet marginal de leur exploitation, précise-t-il. Cela permettrait d'ajouter de la valeur à long terme.»

Hugues Bourgeois, analyste à la Financière Banque Nationale, s'intéresse également aux producteurs de bois d'oeuvre.

«Leurs titres peuvent connaître des faiblesses à court terme mais ils vont reprendre du tonus avec la reprise de la construction résidentielle aux États-Unis, dit-il. Avant le prochain cycle haussier, il pourrait y avoir des occasions d'achat.»

Ses titres préférés sont ceux des producteurs de l'Ouest canadien: Canfor, Interfor et West Fraser Timber.

Par ailleurs, l'analyste rappelle que les producteurs de papier journal font face à une baisse de la demande.

Cela a eu un impact sur les prix. Ils sont passés de 675 $ US la tonne métrique au printemps dernier à 640 $ US aujourd'hui.

«Il reste à voir quel sera l'impact de la fusion Abitibi/Bowater sur les prix, souligne M. Bourgeois. La clôture de la transaction se fera dans le troisième trimestre de l'année.» Son prix cible pour Abitibi est de 3,85 $ d'ici un an.

D'autre part, il pense que le début de l'année sera relativement bon pour les producteurs de pâtes. Toutefois, leurs titres ont moins de potentiel haussier puisqu'ils viennent d'enregistrer de bons rendements boursiers.