Pour le deuxième trimestre d'affilée le nombre d'heures travaillées a augmenté plus vite que la production, durant l'été. Il en résulte un recul de la productivité industrielle de 0,1 % après celui de 0,3 % observé au printemps.

Pour le deuxième trimestre d'affilée le nombre d'heures travaillées a augmenté plus vite que la production, durant l'été. Il en résulte un recul de la productivité industrielle de 0,1 % après celui de 0,3 % observé au printemps.

Depuis le début de l'année, la productivité des entreprises canadiennes fait du sur-place malgré les substantiels investissements réalisés en équipement et en machinerie.

Plusieurs secteurs, tels la production minière ou les services financiers, ont bien fait, mais leurs efforts ont été neutralisés par les forts replis observés dans la construction et la fabrication, précisait hier Statistique Canada. Ces piètres résultats ont confondu les observateurs qui avaient parié sur un gain de 0,4 %.

La productivité correspond à la production par heure travaillée ou au temps de travail requis pour une unité de production donnée. Il y a gain lorsque la production augmente plus que le nombre d'heures travaillées. Au troisième trimestre, la production canadienne a crû de 0,4 % alors que les heures travaillées ont augmenté de 0,6 %. D'où recul.

De manière générale, une nation s'enrichit plus vite quand sa productivité augmente. Aux États-Unis, la productivité a progressé en moyenne de 0,5 % par trimestre cette année.

Statistique Canada réservait en ce début de semaine d'autres nouvelles peu encourageantes. Le coût unitaire de main-d'oeuvre, qui mesure le coût des salaires et des avantages sociaux par unité de production, grimpe plus vite au Canada qu'aux États-Unis.

" C'est un peu décourageant, compte tenu des investissements des entreprises ", commentait hier l'économiste Benoit P. Durocher, du Mouvement Desjardins.

Durant l'été, les coûts unitaires canadiens ont bondi de 1,0 %, contre 0,6 % aux États-Unis. Mince consolation, comme le dollar canadien s'est très peu apprécié face au billet vert durant le trimestre, la compétitivité des entreprises canadienne n'a pas souffert cette fois-ci en plus des effets du change. " C'est quand même la progression trimestrielle la plus forte depuis un an ", souligne Marc Lévesque, stratège, marchés fixes chez Valeurs mobilières TD.

" L'importante augmentation des coûts unitaires de main-d'oeuvre laisse penser qu'il existe des tensions inflationnistes en amont, renchérit Dawn Desjardins, économiste principale chez RBC Groupe financier. Une réduction des taux d'intérêt par la Banque du Canada n'est probable que plus tard en 2007. "

Les données sur la productivité sont assez volatiles. Les deux dernières baisses surviennent toutefois après sept hausses trimestrielles d'affilée. " Si cette tendance devait se poursuivre, les pressions inflationnistes seront plus présentes ", reconnaît M. Durocher.

Le potentiel de croissance d'une économie est délimité par celle de sa démographie et celle de la productivité. Lorsque la seconde ampute la première, le potentiel faiblit. C'est le constat qu'a fait plus tôt cet automne, la Banque du Canada en ramenant de 3,0 % à 2,8 % le potentiel de notre économie pour cette année et l'an prochain. Le potentiel correspond au rythme optimal de croissance sans créer des pressions inflationnistes.

Bref, plus le potentiel est faible et plus la Banque aura tendance à monter les taux d'intérêt pour juguler la hausse des prix dont celle des coûts unitaires de main-d'oeuvre est un excellent baromètre.