Aussi minime soit-elle, toute autre réduction de la possibilité forestière entraînera de nouvelles fermetures d'usine, a prédit jeudi le porte-parole de l'industrie, Guy Chevrette.

Aussi minime soit-elle, toute autre réduction de la possibilité forestière entraînera de nouvelles fermetures d'usine, a prédit jeudi le porte-parole de l'industrie, Guy Chevrette.

Le président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) avoue être anxieux à la veille du dépôt des nouveaux calculs de la possibilité annuelle de coupe, qui seront dévoilés vendredi à Roberval, au Lac-Saint-Jean, par le Forestier en chef Pierre Levac.

Selon Le Journal de Montréal, M. Levac annoncera un resserrement de deux à trois pour cent en moyenne dans les 76 unités d'aménagement forestier (UAF) que comptent les forêts commerciales au Québec, pour la période de 2008 à 2013.

Il s'agit d'une réduction nettement inférieure à celle de 13 pour cent que suggéraient les calculs du ministère des Ressources naturelles remis en juin dernier.

Néanmoins, aux yeux de M. Chevrette, un resserrement de seulement de deux pour cent serait encore beaucoup trop.

«Je souhaite qu'il n'y ait pas de ponction «pantoute», car vous voyez la crise que l'on traverse? S'il y a une ponction additionnelle s'ajoutant au 20 pour cent, la crise n'en sera que plus forte>, a dit M. Chevrette, en point de presse à Québec.

En mars 2005, à la suite du rapport accablant de la commission Coulombe, le gouvernement avait décrété une baisse de 20 pour cent de la possibilité forestière dans le domaine du résineux, dans le but de mettre fin à la surexploitation des forêts.

L'onde de choc de cette diminution s'est fait ressentir dans l'ensemble des régions où l'économie locale repose quasi exclusivement sur l'exploitation forestière.

«Si 20 pour cent de moins est suffisant pour faire tomber un dans une scierie, c'est encore ben pire si on coupe davantage. Alors ne me demandez pas de minimiser l'impact d'une deuxième baisse», a-t-il fait valoir.

La diminution de 20 pour cent de la possibilité forestière n'explique pas à elle seule les déboires de l'industrie du bois. La concurrence étrangère, la vétusté des installations industrielles et les fluctuations de la devise canadienne ont aussi contribué à saper la compétitivité de ce secteur névralgique.

Jusqu'à maintenant, la crise a entraîné dans son sillage la fermeture permanente ou temporaire de 122 usines au Québec, causant plus de 10 200 mises à pied.

Une nouvelle réduction de la possibilité de coupe pourrait convaincre d'autres dirigeants d'entreprises «à poser des gestes» et à mettre la clé dans la porte, pense le patron du CIFQ.

M. Chevrette s'oppose à toute autre ponction parce qu'il ne partage pas l'inquiétude et le sentiment d'urgence des environnementalistes au sujet de la surexploitation de la forêt.

Il reproche notamment aux militants écologistes et à certains chroniqueurs de brosser un tableau incomplet de l'état de santé des forêts.

«Je pense qu'il n'y avait que deux parcs nationaux au Québec il y a 20 ans. On est rendu à 23 parcs nationaux. Il y a plus de 100 réserves écologiques, il y a toutes les bandes riveraines que l'on ne coupe plus, il y a les sanctuaires fauniques (...) Tout cela se fait, mais ce n'est pas connu dans le public», a déploré l'ancien ministre péquiste.

Par ailleurs, M. Chevrette a demandé au gouvernement de présenter une «politique claire» en matière de consultation des autochtones, consultations rendues obligatoires à la suite des jugements Haida et Taku River par la Cour suprême du Canada en 2004.

Il faut surtout éviter que le droit à la consultation soit interprété par les communautés amérindiennes comme étant un droit de véto contre l'exploitation forestière, a-t-il fait savoir.

Si l'État est tenu de trouver des accommodements en faveur des autochtones, il n'est pas obligé de leur , a-t-il insisté.

De surcroît, a poursuivi M. Chevrette, l'industrie n'a pas à assumer le coût de ces éventuels accommodements.