Le dollar canadien grimpe de plus de 25 % depuis le début de l'année.

Le dollar canadien grimpe de plus de 25 % depuis le début de l'année.

C'est donc dire que les revenus des sociétés québécoises réalisés en dollars américains ont baissé d'autant, une fois convertis en devise canadienne

Mais tout n'est pas sombre pour autant.

Les pertes engendrées du côté des ventes sont, en partie, temporisées par les économies découlant des achats de biens et services à meilleurs prix.

«La quasi-totalité des achats de matières et d'équipements sont faits en dollars US», constate France Vermette, porte-parole du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

Par ailleurs, 30 % des dépenses du secteur aéronautique sont versés en dollars canadiens, essentiellement des salaires et certains achats à des fournisseurs locaux, montrent les chiffres du ministère québécois.

Du coup, chaque hausse de 10 % du huard augmente les coûts d'environ 3%, estime Mme Vermette.

Cette situation préoccupe l'industrie.

Pour ses budgets 2008, Sonaca NMF, de Mirabel, considère toutes les économies possibles.

" On devrait faire attention tout le temps mais la hausse du dollar nous incite à en faire plus", souligne Paul Stafiej, directeur, méthodes et développement des affaires, pour le fabricant belge de composantes d'ailes d'avions.

Au-delà de la baisse des coûts, les grandes entreprises et les PME misent aussi sur l'innovation et la productivité.

" L'amélioration constante de nos processus depuis plusieurs années nous permettent de demeurer compétitifs ", soutient Walter di Bartolomeo, vice-président, Ingénierie, pour le fabricant de moteurs d'avions Pratt & Whitney, de Longueuil.

Le fabricant montréalais de moules et de pièces moulées, Techniprodec, ne ressent pas encore les effets de variations du taux de change.

" La demande est forte pour les pièces moulées ", explique Sébastien Farkas, vice-président opérations, de la société qui vient de recevoir la certification AS 9100, une norme prisée dans le secteur aéronautique.

Péril en la demeure

Il n'en demeure pas moins qu'il y a péril en la demeure pour Jean-Pierre Mortreux, président de CMC Électronique, de Montréal.

" Nous avons amélioré nos processus et notre productivité au fil des ans, mais le bond de 25% du dollar, depuis le début de l'année, fait mal. Il est impossible d'augmenter notre productivité aussi rapidement ", clame le prochain président de l'Association de l'industrie aérospatiale du Canada. (AIAC)

" Il ne faudrait surtout pas que des entreprises réduisent leurs dépenses de commercialisation et de R&D pour compenser ", prévient-il.

D'autant plus, ajoute le dirigeant, que plusieurs pays, comme la Corée, mettent en place des programmes de soutien à leur industrie aéronautique.

" Ce pays n'avait pas d'industrie automobile il y a 30 ans et regardez où il en est aujourd'hui, rappelle M. Mortreux. Elle a lancé son programme aéronautique il y a quelques années et je vous laisse imaginer ce qui nous attend si nous ne réagissons pas".

Pire en Europe

Pour d'autres, la hausse du dollar, malgré ses effets néfastes, pourrait comporter du bon.

André Viau, responsable du secteur aéronautique au Fonds de Solidarité de la FTQ, croit que des entreprises européennes pourraient s'établir au Québec.

Puisque l'euro a connu une hausse encore plus prononcée que le huard.