Le baron déchu de la presse Conrad Black semble être condamné à vivre en paria ou à croupir en prison après avoir été reconnu coupable de fraudes et d'obstruction à la justice par un jury américain.

Le baron déchu de la presse Conrad Black semble être condamné à vivre en paria ou à croupir en prison après avoir été reconnu coupable de fraudes et d'obstruction à la justice par un jury américain.

La juge Amy St. Eve doit décider jeudi prochain si Conrad Black peut quitter le sol américain dans l'attente de sa sentence qui doit être prononcée le 30 novembre prochain.

L'ex-magnat de la presse, accusé avec trois associés d'avoir détourné un total de 60 millions de dollars via un montage financier frauduleux lors de la vente d'actifs de Hollinger au groupe de presse canadien Canwest en 2000, a été reconnu coupable par un jury de Chicago de trois chefs d'inculpation relatifs à des fraudes et d'un lié à l'obstruction faite à la justice.

Conrad Black, 62 ans, qui a renoncé à sa nationalité canadienne dans son ascension au titre de lord britannique, est passible d'une peine maximale de 35 ans de prison et pourrait devoir payer plusieurs milliers, voire des millions de dollars d'amende.

La plupart de ses avoirs sont gelés ou immobilisés, mais les parties civiles estiment qu'il dispose encore de ressources financières suffisantes pour vivre une retraite de pacha dans sa résidence de Toronto et ne jamais avoir à purger son éventuelle peine de prison aux Etats-Unis.

C'est pourquoi elles plaident pour son emprisonnement immédiat, mais il serait surprenant que la juge satisfasse leur requête.

Les associés de Conrad Black, Jack Boultbee et Peter Atkinson, aussi reconnus coupables des mêmes fraudes mais innocentés des autres charges, ont eu le droit de rentrer au Canada dans l'attente de leur sentence.

Si Conrad Black connaîtra cette semaine son destin à court terme, sa bataille devant les tribunaux est loin d'être terminée.

Son avocat a indiqué qu'il ferait appel du verdict de culpabilité, et un autre procès l'attend au Canada où il est accusé de «conspiration» pour le transfert en 1995 du Daily Telegraph et de plusieurs journaux canadiens deux ans plus tard.

Les avocats de Conrad Black vont tenter dans les prochaines mois de convaincre la justice américaine que la peine suggérée de 15 à 20 ans de prison est exagérée et tenter de lui garantir l'accès à sa fortune.

Sa condamnation pour obstruction à la justice, une caméra de surveillance l'avait filmé en train de sortir des documents de son bureau de Toronto alors qu'il était sous enquête par la justice américaine, devrait alourdir sa sentence, estime Peter Henning, professeur de droit à l'université Wayne State.

«Et traiter ses plaignants de nazis ne le place pas dans une bonne position», dit-il, à propos du comportement du baron déchu.

Avant même que ne soit prononcée sa peine, Conrad Black a déjà perdu certains de ses plus précieux alliés au sein de la classe politique britannique et des médias.

Le Parti conservateur britannique, aujourd'hui dans l'opposition, a annoncé vendredi qu'il retirait au très aristocratique Black le droit de siéger sous sa bannière à la Chambre des Lords.

«Black l'arrogant ne peut que s'en prendre qu'à lui-même», écrivait samedi le Daily Mirror de Londres.

«C'était à maints égards un propriétaire modèle, mais malheureusement il a développé une dépendance à l'argent et à un mode de vie flamboyant», résumait George Jones, éditeur politique du Daily Telegraph, jadis fleuron de l'empire de presse de «Citizen Black».