Éprouvés par la concurrence asiatique et le ralentissement américain, les employés de l'usine de boulons Infasco de Marieville viennent de décider de partager leur temps de travail en le réduisant à quatre jours par semaine.

Éprouvés par la concurrence asiatique et le ralentissement américain, les employés de l'usine de boulons Infasco de Marieville viennent de décider de partager leur temps de travail en le réduisant à quatre jours par semaine.

La direction de l'usine située en Montérégie avait fait 70 mises à pied ces derniers jours, sur un effectif de 420 syndiqués. Selon le syndicat, elle se préparait à lancer une deuxième vague de compressions d'égale ampleur. Au total, c'est le tiers des travailleurs qui se serait alors retrouvé au chômage.

Samedi, une assemblée spéciale de 230 employés a approuvé à 93 % la semaine de quatre jours, pour une durée indéterminée. Cette proposition était venue de l'employeur et avait été endossée par l'exécutif syndical.

«C'est une question de solidarité», dit Patrick Guité, président du syndicat de l'usine, affilié aux Métallos.

En vertu du programme de temps partagé d'Emploi-Québec, les travailleurs recevront de l'assurance-chômage pour la cinquième journée de la semaine.

De gros clients des États-Unis, pays qui compte pour le gros du chiffre d'affaires d'Infasco, ont réduit leurs commandes pour importer des produits de Chine et de Taiwan, explique Frank Beaudin, permanent au Syndicat des Métallos.

«Les niveaux d'inventaire sont assez élevés», ajoute Patrick Guité, qui croit aussi que le ralentissement de l'économie américaine est en cause.

La compagnie a baissé les prix de ses boulons pour endiguer la baisse des commandes. Elle mise aussi sur sa rapidité de livraison des produits.

«Les importations de Chine peuvent prendre six mois, c'est ce qui fait que nous sommes encore en vie>», juge M. Guité.

Selon Frank Beaudin, le partage du temps de travail dans les usines en difficulté est assez rare au Québec, parce que nombre d'employeurs n'y sont pas intéressés.

Les syndiqués ne sont pas assurées que la mesure leur évitera d'autres mises à pied, mais se montrent tout de même confiants de voir la conjoncture s'améliorer.

«La direction a pris les bonnes mesures en baissant les prix et des clients ont indiqué qu'ils reviendraient», rapporte Frank Beaudin.

«Il n'y a pas de panique de notre côté», indique Patrick Guité, en faisant valoir que l'usine se prépare à un investissement important dans du nouvel équipement.

Le syndicat s'attend à un rappel des employés mis à pied vers le mois d'août, quand les stocks excédentaires auront été écoulés.

L'usine Infasco avait été achetée par l'américaine Heico après s'être placée sous la protection de la loi sur les faillites, en 2001. Elle avait déjà fait l'expérience du temps partagé durant quelques semaines en 2003.