Le lock-out imposé par le Journal de Montréal à ses 115 pressiers est jugé illégal par le Tribunal d'arbitrage du Québec.

Le lock-out imposé par le Journal de Montréal à ses 115 pressiers est jugé illégal par le Tribunal d'arbitrage du Québec.

La filiale de Quebecor Media devra donc «prendre les dispositions pour la reprise du travail» et «indemniser les salariés mis en lock-out depuis le 20 octobre», ordonne l'arbitre Louis B. Courtemanche dans une sentence rendue en début de semaine.

Me Courtemanche s'est réservé «compétence pour fixer les montants dus en vertu de la présente sentence».

Les pressiers sont sans contrat de travail depuis la fin de mai dernier. Ils ont déclenché une grève d'une durée de 20 semaines, après quoi l'employeur a décrété un lock-out.

Or, une clause de la convention collective qui lie les parties prévoit qu'un arrêt de travail, provoqué soit par une grève soit par un lock-out, ne peut durer plus de 20 semaines. Cette clause, entrée en vigueur en 1983, avait été négociée par feu Pierre Péladeau.

Elle visait à s'assurer qu'un conflit ne perdure pas au point de mettre en péril la survie du quotidien. De longs arrêts de travail dans les années 1970 au défunt Montréal-Matin et à La Presse avaient d'ailleurs permis de lancer, puis de consolider le quotidien de la rue Frontenac.

Cette clause avait une première fois été attaquée en 1993 au cours d'un autre conflit mettant aux prises les pressiers et la direction du Journal. Même si Pierre Péladeau était encore vivant, c'est son fils Pierre-Karl, aujourd'hui aux commandes de Quebecor, qui avait dirigé la négociation.

Une sentence arbitrale, maintenue par la Cour supérieure et la Cour d'appel, avait confirmé la validité de la clause et imposé l'indemnisation des lockoutés.

La Cour suprême avait refusé d'entendre la cause.

Cette fois-ci, la direction de Quebecor a tenté de faire valoir que les 20 semaines appartenaient aux deux parties et pouvaient s'additionner: après 20 semaines de grève, 20 semaines de lock-out. L'arbitre Courtemanche a rejeté cette prétention.

«Nous étions persuadés que l'employeur n'avait pas le droit de nous mettre en lock-out une fois nos 20 semaines de grève écoulées et on nous donne raison», se réjouit Stéphane Lacroix, porte-parole des Teamsters. Les pressiers appartiennent à la section locale 41M du syndicat international.

«On constate que Quebecor Media multiplie les démarches pour rentrer dans le corps des syndicats», ajoute pour sa part Chantal Léveillé, présidente du Syndicat des travailleurs de l'information (CSN). Elle raconte que la mise à contribution des cadres pour faire le travail des pressiers a compliqué les relations de travail et créé bien des tensions et quelques burn-outs.

Le porte-parole de Quebecor Luc Lavoie a pour sa part indiqué que «la décision arbitrale est en train d'être étudiée par nos experts et nos avocats».