La destruction, le week-end dernier, de trois nouvelles parcelles de cultures et d'essais OGM est un nouvel épisode de l'affrontement sur l'utilisation des organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture française, dans un contexte juridique qui reste flou.

La destruction, le week-end dernier, de trois nouvelles parcelles de cultures et d'essais OGM est un nouvel épisode de l'affrontement sur l'utilisation des organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture française, dans un contexte juridique qui reste flou.

La situation est d'autant plus complexe que des jugements contradictoires sur les essais d'OGM ont été rendus par différents tribunaux.

De plus le Parlement n'a toujours pas adopté le projet de loi destiné à transcrire en droit français les directives européennes de 2001 et 2003 pour réglementer les essais et les cultures OGM.

"L'Etat a laissé s'installer une situation de non-droit, tant de la part des promoteurs d'OGM que de celle des anti-OGM", a déploré mardi la Coordination Rurale, un syndicat agricole minoritaire.

Le texte gouvernemental autorise définitivement les cultures OGM à des fins de commercialisation et de recherche et fixe des règles de "coexistence" entre cultures conventionnelles et OGM.

Mais les opposants aux OGM, au premier rang desquels se dresse José Bové, l'ex-porte-parole de la Confédération Paysanne, ainsi que le collectif des "Faucheurs Volontaires" et les Verts, exigent un "moratoire" de plusieurs années et un référendum sur le sujet.

Ils brandissent différents sondages selon lesquels environ trois quarts des Français souhaitent l'interdiction temporaire des OGM le temps d'une évaluation approfondie de leur impact sur la santé et l'environnement.

Mais les agriculteurs favorables aux OGM, les semenciers et les multinationales agrochimiques s'impatientent devant ce qu'ils considèrent comme un laxisme du gouvernement, malgré les déclarations du ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau qualifiant les destructions "d'actes de vandalisme".

Ainsi près de 200 producteurs, menés par le président de l'association générale des producteurs de maïs (AGPM) Christophe Terrain, ont manifesté mardi leur soutien à l'exploitant victime des "Faucheurs volontaires" qui ont détruit dimanche sa production commerciale de maïs OGM près de Muret (Haute-Garonne).

De son côté la société Monsanto France a annoncé qu'elle allait présenter, "devant les difficultés rencontrées pour expérimenter", des demandes de commercialisation de produits OGM en France sans les avoir auparavant testés dans l'Hexagone.

Les partisans des OGM déplorent le retard pris par la France dans ce secteur, soulignant que les surfaces ont enregistré une croissance de 11% dans le monde en 2005, atteignant 90 millions d'hectares dans 21 pays, selon les chiffres de l'International service for the acquisition of agri-biotech applications (Isaaa), un organisme américain pro-OGM.

En France, un peu moins de 5.000 hectares de maïs OGM, destinés à être commercialisés en Espagne, sont cultivés en 2006, soit 10 fois plus qu'en 2005, selon une estimation de la direction générale de l'Alimentation (DGAL). Faute de loi, il n'y a pas actuellement de déclaration obligatoire de mise en culture pour les variétés autorisées.

Les ministères de l'Agriculture et de la Recherche ont par ailleurs donné 10 autorisations correspondant à 17 nouveaux programmes de recherche sur le maïs et le tabac. Sur ces 35 parcelles d'essais, 14 avaient déjà été détruites par les "Faucheurs volontaires" ou des anonymes, au 1er août.

cch/jlb/sby