Avec la crise du crédit et la reprise boursière qui a suivi, les investisseurs ont intérêt à avoir les nerfs solides.

Avec la crise du crédit et la reprise boursière qui a suivi, les investisseurs ont intérêt à avoir les nerfs solides.

Au point où ils sont obligés de se poser la question existentielle dans tout marché volatil : être ou ne pas être un investisseur défensif?

Se replier en défensive et miser sur des valeurs sûres, voilà une stratégie gagnante dans le contexte actuel, croit Jean-René Ouellet, analyste aux services aux particuliers chez Valeurs Mobilières Desjardins.

«Nous pensons que les marchés vont être à la hausse sur un horizon de 12 à 18 mois, mais qu'il y a encore beaucoup de risques à court terme, dit-il. La prudence est de mise au cours des deux prochains mois car ce n'est pas impossible que le mot récession refasse surface avec les hypothèques à risques aux États-Unis.»

Tous les analystes ne sont pas de cet avis. «Je ne recommande pas de titres défensifs car les marchés sont très rassurants depuis un mois, dit Vincent Delisle, stratège en chef de Scotia Capitaux. Il faut réduire son niveau de risque, mais le marché ne donne pas de signes de récession. Ce n'est pas encore le temps de jouer la trappe.»

Huit titres défensifs

À la demande de La Presse Affaires, Jean-René Ouellet, analyste chez Valeurs Mobilières Desjardins, et Jeffrey Lusher, directeur de BMO Harris Gestion de placements au Québec, ont choisi huit titres canadiens pouvant servir de refuge aux investisseurs.

À condition, évidemment, d'avoir répondu positivement à la question existentielle de l'heure sur les marchés boursiers.

Les choix de Jean-René Ouellet (Valeurs mobilières Desjardins) :

Financière Manuvie

Symbole : MFC

Secteur : services financiers

Cours actuel : 40,45$

Cours cible : 47,00 $

Rendement depuis un an : 10,69 %

Taux du dividende : 2,18 %

Qui dit titres défensifs dit grandes sociétés financières. Dans ce secteur, Jean-René Ouellet privilégie les compagnies d'assurances aux banques. "S'il y a un ralentissement, les revenus des banques vont être affectés par la baisse du nombre de transactions, dit-il. Les compagnies d'assurances comportent moins de risques." L'analyste de Valeurs Mobilières Desjardins préfère Manuvie à l'Industrielle Alliance. "Manuvie est mieux diversifiée géographiquement, dit-il. La société a bien réussi l'intégration de l'assureur américain John Hancock au cours des dernières années. Elle est spécialisée en assurance-vie, un domaine très stable, et elle offre aussi un potentiel de croissance en Asie, où elle est l'assureur étranger comptant le plus de bureaux."

First Capital Realty

Symbole : FCR

Secteur : immobilier

Cours actuel : 25,70 $

Cours cible : 32,60 $

Rendement depuis un an : 1,61 %

Taux du dividende : 4,95 %

Jean-René Ouellet aimerait bien investir dans le secteur des biens de consommation, mais il n'a aucun coup de coeur parmi les épiceries et les pharmacies sur le marché. Qu'à cela ne tienne : il a décidé de miser sur leurs centres commerciaux. "First Capital Realty détient des petits centres commerciaux qui louent leurs locaux à des banques, des pharmacies et des épiceries, dit-il. C'est le genre d'endroit que monsieur et madame Tout-le-Monde visite trois ou quatre fois par semaine. Le titre a bien tenu la route cet été et il verse un bon dividende. C'est une bonne façon d'être exposé de façon détournée au secteur des biens de consommation." First Capital Realty détient 163 centres commerciaux au Canada, dont 60 au Québec. Au nombre de ses centres commerciaux dans la région de Montréal : la Plaza Kirkland, le Centre commercial Van Horne, le centre commercial Wilderton et Place Anjou.

Boardwalk

Symbole : BEI-U

Secteur : immobilier

Cours actuel : 46,67 $

Cours cible : 62,00 $

Rendement depuis un an : 47,09 %

Taux du dividende: 3,43 %

Comment avoir le beurre et l'argent du beurre ? En achetant Boardwalk, une fiducie de revenu immobilière qui tire une bonne partie de ses revenus des poches de l'industrie pétrolière mais qui n'est pas vraiment exposée aux fluctuations de l'or noir, soutient Jean-René Ouellet. "Les investisseurs qui ne sont pas convaincus que l'industrie pétrolière fera des profits mais qui pensent qu'elle dépensera de l'argent en Alberta doivent acheter des actions de Boardwalk, dit l'analyste de Valeurs Mobilières Desjardins. C'est simple : les pétrolières auront besoin d'employés et elles devront les loger. En plus, les prix des loyers augmentent en Alberta en raison du taux d'inoccupation des logements, qui a atteint 0,5 % dans certaines régions de la province." Boardwalk détient notamment neuf immeubles à logements multiples autour des sables bitumineux de Fort McMurray. Mais la fiducie n'a pas seulement des intérêts dans l'ouest du pays. Au Québec, elle détient 18 immeubles à logements, dont les Jardins de Mérici à Québec.

Rogers

Symbole : RCI. B

Secteur : télécommunications

Cours actuel : 45,31 $

Cours cible : 57,00 $

Rendement depuis un an : 52,02 %

Taux du dividende : 1,11 %

En période de ralentissement économique, les gens ne perdent pas soudainement la parole. ce qui explique pourquoi les sociétés de télécommunications sont de si bons titres défensifs. "Quoi de mieux que d'avoir un nombre d'abonnés qui vous paient un montant mensuel fixe durant une correction boursière", résume Jean-René Ouellet. Entre Telus et Rogers, l'analyste de Valeurs Mobilières Desjardins préfère la société ontarienne, qui dispose d'une meilleure technologie et d'un meilleur taux de pénétration dans le secteur du sans-fil, nettement plus rentable que la téléphonie traditionnelle. "Les sociétés étrangères comme Sony Ericsson, Nokia et Apple préfèrent travailler avec Rogers en raison de son réseau GSM, dit-il. Les analystes estiment aussi que Rogers détient environ 70 % du marché des BlackBerry."

Les choix de Jeffrey Lusher (BMO Harris Gestion de placements)

BCE

Symbole : BCE

Secteur : télécommunications

Cours actuel : 40,00 $

Cours cible : 40,14 $

Rendement depuis un an : 32,01 %

Taux du dividende : 3,65 %

"Je sais que je vais vous surprendre", avoue d'emblée Jeffrey Lusher, le patron québécois de BMO Harris Gestion de placements. En effet. Car la société BCE n'est-elle pas sur le point d'être achetée par le Régime de retraite des enseignants de l'Ontario, Teachers pour les intimes ? Oui, sauf que le cours du titre est toujours inférieur à l'offre de 42,75 $. L'écart s'explique par le risque que la transaction avorte. "Il est possible de faire un rendement d'environ 7 % si la transaction est complétée, dit M. Lusher. BCE doit aussi verser deux dividendes au cours des prochains mois. Mine de rien, ça donne un rendement presque garanti de 14 % en six mois. Ce n'est pas mal dans un marché qui est nerveux."

TransCanada

Symbole : TRP

Secteur : énergie

Cours actuel : 36,07 $

Cours cible : 41,00 $

Rendement depuis un an : 0,59 %

Taux du dividende : 3,78 %

Avec ses pipelines à la grandeur de l'Amérique du Nord, TransCanada n'entrepose pas que du gaz naturel. La société a aussi beaucoup de billets verts dans ses coffres, ce qui la rend attrayante dans les moments difficiles. "Comme la société est seulement dans la distribution, il s'agit d'un placement moins risqué, dit Jeffrey Lusher. Elle a une clientèle stable et des contrats à long terme. En plus, elle verse un dividende de près de 4 %."

Rothmans

Symbole : ROC

Secteur : biens de consommation

Cours actuel : 22,21 $

Cours cible : 24,00 $

Rendement depuis un an : 6,72 %

Taux du dividende : 5,36 %

"C'est un choix controversé en raison de la nature de son produit, mais Rothmans est un titre stable, dit Jeffrey Lusher. Il s'agit quand même du plus grand producteur de cigarettes au Canada." Rothmans est particulièrement attrayant en raison de son dividende de 5,36 %, parmi les plus élevés au pays. "Ils ont tellement d'argent qu'ils ne savent parfois pas quoi en faire, dit M. Lusher. C'est pourquoi ils distribuent parfois des dividendes spéciaux."

Shoppers Drug Mart

Symbole : SC

Secteur : biens de consommation

Cours actuel : 54,10 $

Cours cible : 57,00 $

Rendement depuis un an : 1,20 %

Taux du dividende : 15,55 %

Au Québec, la société est plutôt connue sous le nom de Pharmaprix - oui, les mégapharmacies qui s'implantent à la vitesse de l'éclair. "Leur modèle d'affaires est très solide, dit Jeffrey Lusher. C'est une société qui peut anticiper une croissance d'environ 10 % par année en 2007 et 2008. J'aime mieux Shoppers que Jean Coutu, qui est un joueur plus régional et qui a connu des difficultés aux États-Unis."

Notes : Les cours des titres et leurs rendements depuis un an sont basés sur le cours des titres à la fermeture de la Bourse de Toronto hier. Le taux du dividende est le rendement brut indiqué des dividendes selon l'agence Bloomberg.