Les perturbations qui ont affecté les marchés boursiers la semaine dernière viennent de bousiller les prévisions de la Federal Reserve américaine (Fed), qui table sur une reprise économique graduelle dans la deuxième moitié de l'année aux États-Unis.

Les perturbations qui ont affecté les marchés boursiers la semaine dernière viennent de bousiller les prévisions de la Federal Reserve américaine (Fed), qui table sur une reprise économique graduelle dans la deuxième moitié de l'année aux États-Unis.

Cette crise boursière vient en fait d'augmenter considérablement les probabilités que la Fed doive désormais se concentrer sur la stimulation de croissance plutôt que la lutte contre l'inflation.

Dans ce contexte, une baisse des taux d'intérêt semble de plus en plus probable d'ici la fin 2007, voire presque assurée, selon les experts.

Les turbulences, qui ont été marquées par la pire dégringolade des Bourses en cinq mois au moment où les coûts d'emprunt des entreprises augmentent, représentent une triple menace pour l'économie américaine.

La déconfiture des marchés prive les investisseurs d'un pouvoir de dépenser, rend les investissements des entreprises plus coûteux et risque de prolonger la récession dans le domaine immobilier.

Risque de contraction

«Il y a maintenant risque de contraction (de l'économie)», soutient Louis Crandall, économiste en chef de Wrightson ICAP, de Jersey City, au New Jersey, une division de ICAP Plc, plus important courtier au monde pour les banques et d'autres institutions financières.

Les négociateurs font maintenant le pari que la déconvenue boursière contraindra Ben S. Bernanke, le président de la Fed, et ses collègues à abaisser les taux d'intérêt d'ici la fin de l'année.

Les prix des contrats à terme sur les fonds fédéraux au Chicago Board of Trade donnent à penser que les négociateurs estiment à 100% les chances que la Fed réduira son taux cible d'un quart de point à 5% lors de sa réunion de décembre, soit une hausse par rapport à des possibilités évaluées à 44% au début de la semaine dernière.

Cette évolution du sentiment sur le marché survient au moment où de nouveaux indices démontrent que l'économie américaine a repris de la vigueur au deuxième trimestre.

La question est maintenant de savoir si cela durera. Nariman Behravesh, économiste en chef de Global Insight, à Lexington, au Massachusetts, dit qu'il reverra probablement à la baisse ses prévisions touchant la croissance économique dans la deuxième moitié de l'année.

Il prévoit aussi que la Fed changera son discours et mettra moins l'accent sur la lutte contre l'inflation dans un contexte de ralentissement de la croissance.

Vendredi, Washington annonçait que l'économie américaine avait présenté un taux annuel de croissance de 3,4% au deuxième trimestre après un essor de seulement 0,6% de janvier à mars.

Selon un vaste consensus, au sein et hors de la Fed, la croissance maintiendra une cadence de 2,5% à 3% pendant le reste de l'année.

«Les États-Unis ont une économie saine, qui passe d'un niveau de croissance insoutenable à un niveau plus durable», soutenait jeudi Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor.

Jusqu'à aussi récemment que mai dernier, les négociateurs étaient certains qu'il y aurait une réduction des taux avant la fin de 2007 pour être dissuadés ensuite par la hausse continuelle de l'emploi et par les commentaires des responsables de la Fed selon lesquels une récession était improbable.

À côté de la plaque

Selon certains économistes, il se peut que les négociateurs soient encore à côté de la plaque.

"La Fed devrait être pas mal satisfaite de ces statistiques", soutient David Wyss, économiste en chef de Standard & Poor's, à New York, en faisant référence aux données relatives au produit intérieur brut au deuxième trimestre.

Croissance modérée

"Je ne crois pas que la Fed va bouger cette année", ajoute-t-il.

Une deuxième moitié d'année sans anicroche que prévoient les économistes repose sur une croissance modérée des dépenses de consommation, des investissements plus vigoureux de la part des entreprises et une réduction des contraintes qu'impose le marché immobilier.

Les turbulences sur les marchés financiers font courir des risques à ces trois éléments.