Julien, 33 ans, de la Rive-sud de Montréal, n'aurait jamais pensé avoir autant d'ennuis financiers à la fin de ses études. En 1997, après contracté un prêt-étudiant de 42 000$, il croyait bien pourvoir le rembourser rapidement, une fois au boulot.

Julien, 33 ans, de la Rive-sud de Montréal, n'aurait jamais pensé avoir autant d'ennuis financiers à la fin de ses études. En 1997, après contracté un prêt-étudiant de 42 000$, il croyait bien pourvoir le rembourser rapidement, une fois au boulot.

Jusqu'à ce qu'il se rende-compte que la comptabilité n'était pas pour lui, et qu'il décide de lâcher l'université pour bifurquer dans un tout autre domaine : le pilotage d'avions !

Ce changement de cap a eu pour effet de retarder son entrée sur le marché du travail. Du coup, les dettes se sont accumulées, à un point tel qu'il dû déposer son bilan, en 2000. Une faillite qu'il regrette, d'autant plus qu'elle ne l'a pas débarrassé de sa dette d'études.

Aujourd'hui, il se demande quelle serait la meilleure façon de rembourser cet emprunt, qu'il traîne comme un boulet depuis dix ans, et qui, avec les intérêts accumulés, se chiffre maintenant à 56 000$. Car, comme il le mentionne, son objectif est de surveiller son budget, et de se constituer un fonds de réserve pour ses vieux jours.

Depuis le début de 2007, il rembourse sa dette à raison de 450$ par mois.

Comme il contribue aussi à un REER (75$/mois) et à un REEE (60$/mois ; il est papa d'une petite fille de 8 ans d'une première union, qu'il voie une fin de semaine sur deux), il aimerait savoir s'il serait préférable d'accélérer le remboursement du prêt-étudiant et de conserver ses contributions REER et REEE au même niveau, ou de faire l'inverse, c'est-à-dire continuer les mêmes versements pour réduire sa dette, et augmenter ses contributions REER et REEE, pour ainsi profiter de crédits d'impôt supplémentaires.

«De toute façon, dit-il, tout remboursement d'impôt est conservé par le ministère de l'éducation.»

Comme travailleur de la construction (Il a encore changé de métier en 2000), Julien gagne entre 43 000$ et 48 000$ par année. Son budget de dépenses mensuelles s'élève à environ 2 100$, ce qui inclut le remboursement de son prêt étudiant et ses contributions REER, mais exclut les achats de vêtements, les loisirs, et l'entretien de son automobile.

Côté placements, Julien n'a que 175$ dans son REER ; il a par contre 29 000 $ en droits de cotisation non-utilisés.

Peu de marge de manoeuvre

Daniel Tremblay, planificateur financier pour les Services financiers Dundee Ltée, a analysé la situation financière du jeune homme. Premier constat : Sur le plan financier, Julien a peu de marge de manoeuvre.

Car, une fois les dépenses mensuelles et les impôts à source soustraits, il ne lui reste que 822$ par mois pour payer vêtements, entretien auto, loisirs, etc. «Et il est très facile d'oublier des dépenses», ajoute M. Tremblay.

Selon le spécialiste, Julien ne peut, pour le moment, envisager d'augmenter le remboursement de sa dette ou ses contributions REER et REEE. En revanche, il pourrait envisager de cesser de contribuer au REER et au REEE pour accélérer le remboursement de sa dette. Mais est-ce une bonne idée ?

À 450$, à un taux d'intérêt de 6% (Puisque les intérêts sont déductibles du revenu imposable, son coût réel est de 4,04%, en tenant compte d'un taux d'imposition de 32,7%), il faudra 208 mois, soit un peu plus de 17 ans, à Julien, pour rembourser son prêt-étudiant. Il aura donc payé 93 600$, dont 37 600$, juste en intérêts.

Si Julien cessait de contribuer à ses régimes enregistrés, il dégagerait une somme supplémentaire de 135$ (75$ REER plus 60$ REEE) par mois. En ajoutant ce montant au remboursement de sa dette d'études, ses versements passeraient à 585$ par mois. Mais il aurait remboursé sa dette en 11 ans et 4 mois, soit en six ans de moins que dans le premier scénario. Mieux, il n'aura payé que 79 560$, dont 23 560$ en intérêts. C'est plus de 14 000$ de moins !

Attention aux conclusions trop hâtives

À première vue, donc, Julien aurait tout intérêt à cesser ses contributions REER et REEE pour accélérer le remboursement de son prêt-étudiant. Attention ! prévient toutefois Daniel Tremblay. «Car contribuer à un REER pendant de longues périodes peut rapporter gros.»

En effet, si Julien continuait à souscrire pendant 17 ans au REER à raison de 75$ par mois, et si on suppose un rendement de 6% moyen durant toute la période, il accumulerait un montant de 26 492$ dans son régime.

En retirant ce montant au même taux d'imposition qu'aujourd'hui (de 32,7%), il se retrouverait avec une somme de 17 829 $, soit près de 4000 $ de plus que s'il accélérait le remboursement de sa dette. Sans compter qu'en contribuant à son REER, il profitera des crédits d'impôt durant toute la période, crédits qui, dans son cas, il est vrai, seront affectés au remboursement de sa dette.

De plus, si l'on ajoute les contributions au REEE, à raison de 60$ par mois, et en tenant compte de la subvention fédérale de 20% soit 144$ par an et de la nouvelle subvention de 20% du provincial soit aussi 144 $, le REEE augmenterait de 1008 $ par an. Au bout de 17 ans, le régime vaudrait ainsi 28 438 $, qui serait bien sûr imposer à sa progéniture, une fois aux études.

Julien serait donc gagnant en maintenant ses contributions REER plutôt que de rembourser plus rapidement le prêt étudiant, conclut le spécialiste.

La situation

Le projet : Julien 33 ans, se demande s'il devrait accélérer le remboursement de son prêt-étudiant au détriment de ses contributions REER

Julien, 33 ans

Salaire : entre 43 000$ et 48 000$ par an

REER : 175$

REEE : 2 600$

Prêt étudiant : 56 000$

Carte de crédit : 0$ (solde payé tous les mois)

Budget mensuel (déboursés)

Loyer : 530$

Pension : 300$

Assurance-auto : 60$

Assurance-maison : 25$

REER : 75$

REEE : 60$

Électricité : 75$

Câble : 120$

Épicerie : 300$

Essence : 120$

Prêt étudiant : 450$

Total : 2 115$ (exclut vêtements, entretien auto, loisirs, etc.)