L'usine de Tuyaux Wolverine, à Montréal-Est, s'est battue pour survivre à la forte appréciation du dollar canadien et la hausse du coût des métaux, allant jusqu'à améliorer sa productivité de 30 %.

L'usine de Tuyaux Wolverine, à Montréal-Est, s'est battue pour survivre à la forte appréciation du dollar canadien et la hausse du coût des métaux, allant jusqu'à améliorer sa productivité de 30 %.

Ça n'a pas été suffisant. La vénérable usine de 70 ans fermera ses portes au début de 2007, entraînant la perte de 350 emplois.

" Il y a des gens qui ont 30 ans, 40 ans d'ancienneté, a commenté le président du syndicat des employés de l'usine, Daniel Sauvé. Plusieurs ont 50 ans passés: pour eux, ce sera plus difficile de se replacer que pour ceux qui sont dans la trentaine ou la quarantaine. "

Il a indiqué que lui-même travaillait depuis 20 ans dans l'usine.

" Je devrai me relocaliser moi aussi, j'ai une famille, j'ai les mêmes obligations que tout le monde ", a-t-il déclaré, avant de préciser qu'il travaillera probablement pendant un certain temps au niveau d'un comité de reclassement.

C'est hier matin que des représentants de l'usine et de la société mère, Wolverine Tube, de Huntsville, en Alabama, ont rencontré les employés pour leur faire part de la mauvaise nouvelle. Puis, ils leur ont donné congé pour la journée.

" La hausse du dollar canadien est la principale cause de la fermeture, a affirmé le directeur général de l'usine, Martin Loiselle. Mais il y a également l'escalade des coûts des matières premières, principalement le cuivre et le nickel, et la concurrence mondiale. "

L'usine de Montréal-Est produit deux types de produits: des produits tréfilés, comme des tiges de cuivre et des bandes de cuivre qui servent à conduire le courant électrique, et des tuyaux de cuivre et de cuivre-nickel.

Environ 80 % des produits de l'usine sont exportés et leur prix est libellé en devises américaines. L'appréciation du dollar canadien amincit donc la marge de profit.

La direction de l'usine a tenté de réagir en mettant en place des mesures de réduction des coûts.

" Depuis le début de l'année, nous avons pu améliorer notre productivité de 30 %, ce qui est assez important, a indiqué M. Loiselle. Normalement, au mieux, on voit 10 % d'amélioration par année. Mais ce n'est pas suffisant pour garder l'usine ouverte. "

La production des tuyaux sera transférée aux autres usine de Wolverine Tube, notamment à London, en Ontario, et à Decatur, en Alabama. La production de produits tréfilés sera carrément abandonnée.

Wolverine Product a également fermé une petite usine à Jackson, au Tennesse, une mesure qui entraînera la perte d'une cinquantaine d'emplois, et consolidé ses centres de distribution aux États-Unis. Cette restructuration entraînera des frais de 57 millions US. Le marché a toutefois bien réagi à la nouvelle: le titre de Wolverine a gagné 5,6 % à la Bourse de New York pour clôturer à 3,39 $US.

" Je suis extrêmement déçu, a commenté pour sa part M. Sauvé. De la façon dont les choses se déroulaient dernièrement, on voyait ça quasiment venir, mais pas aussi rapidement que ça. On pensait avoir le temps de se retourner, de retrousser ses manches et de faire face à la croissance du dollar canadien. Faut croire qu'on n'a pas été assez rapides. "

Les employés de l'usine de Montréal-Est ont été en grève pendant deux mois au printemps de 2005, mais M. Loiselle a affirmé que ce conflit de travail n'avait rien à voir avec la décision de la direction.

Donald Noël, responsable du dossier de Tuyaux Wolverine chez les métallos (FTQ), a soutenu que malgré ce conflit, le syndicat avait collaboré avec l'employeur et s'était battu pour que l'usine demeure ouverte.

" Nous essayons de garder un peu d'optimisme, a-t-il ajouté. Nous regardons s'il n'y aurait pas un acquéreur potentiel pour l'usine. "

La direction du syndicat des métallos approchera notamment le Fonds de solidarité FTQ pour voir ce qui pourrait être réalisé de ce côté.

" Nous ne jetons pas l'éponge tout de suite, mais en même temps, on ne veut pas faire croire que l'usine va demeurer ouverte ", a-t-il précisé.

L'usine de Montréal-Est faisait partie d'Industries de métaux Noranda, une division que le géant minier n'arrivait pas à rentabiliser et qu'il avait vendue à Wolverine en 1988 pour 55 millions de dollars.

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