Des pistes de solutions, allant dans tous les sens, ont foisonné, vendredi, en vue d'aider l'industrie forestière à sortir enfin de la crise sans précédent qu'elle traverse.

Des pistes de solutions, allant dans tous les sens, ont foisonné, vendredi, en vue d'aider l'industrie forestière à sortir enfin de la crise sans précédent qu'elle traverse.

Au lendemain de l'annonce de fermetures d'usines par AbitibiBowater [[|ticker sym='T.ABH'|]], les politiciens de Québec et d'Ottawa ont rivalisé d'imagination pour se poser en sauveur de l'industrie forestière.

AbitibiBowater a rendu publique jeudi, en fin de journée, une première phase d'un plan de restructuration qui se traduira par la fermeture définitive de son usine Belgo, à Shawinigan, et de l'usine de Dalhousie, au Nouveau-Brunswick.

De plus, au Québec, l'entreprise ferme pour un temps indéterminé sa machine à papier numéro trois à Gatineau et son usine de Donnacona, dans Portneuf.

Au total, 2600 employés perdront leur emploi à court terme, dont 700 au Québec.

A Québec, la nouvelle, qui survient à la suite de toute une série de fermetures de papetières et de scieries depuis deux ans, a été accueillie comme une douche froide.

Le premier ministre Jean Charest est intervenu pour dire une fois de plus que le gouvernement fédéral devait faire sa part.

«Il faut absolument que le gouvernement fédéral bouge», a soutenu M. Charest pour la énième fois, jugeant que Québec avait fait son bout de chemin.

Le député bloquiste de Saint-Maurice/Champlain, Jean-Yves Laforest, a reproché à Ottawa, de son côté, de refuser son aide à tous ces nouveaux chômeurs relativement âgés, mais pas assez pour être admissibles à des prestations de retraite.

Sauf qu'à Ottawa, tout en reconnaissant qu'il faut agir, on se montre moins empressé qu'à Québec, cherchant encore les meilleures solutions à appliquer.

De passage à Québec, vendredi, dans le cadre d'une tournée de consultation prébudgétaire, le ministre des Finances, Jim Flaherty, et celui du Travail, Jean-Pierre Blackburn, ne se sont pas montrés prêts à dire de quelle façon ni quand ils vont agir.

Mais rien n'indique que ce sera avant le dépôt du budget, attendu fin février, début mars.

En point de presse, le ministre Blackburn a indiqué que son gouvernement ne pourrait pas et ne devait pas passer à côté de mesures ciblées, à la fois pour l'industrie et pour les travailleurs du secteur, une demande formulée à maintes reprises par le gouvernement Charest.

Il a rappelé que son gouvernement avait pris un engagement en ce sens dans le discours du trône, en octobre dernier, et qu'il devait présenter un plan d'action.

De son côté, M. Flaherty a soutenu qu'il n'y avait «pas de solution magique» au problème, dans un contexte où la demande en provenance des Etats-Unis est en baisse.

Aux reproches de M. Charest, il a répliqué en disant que Québec maintenait toujours en place sa taxe sur le capital, «qui décourage l'investissement».

En attendant le plan d'action d'Ottawa, Québec a choisi de brandir le bâton plutôt que la carotte devant la direction d'AbitibiBowater.

Le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, a décidé qu'il n'allouera pas de bois à AbitibiBowater tant que ses dirigeants n'auront pas communiqué au gouvernement les détails de la phase deux de son plan de restructuration.

Il a convoqué les dirigeants de la compagnie, les sommant de faire preuve de plus de transparence, tout en leur reprochant de ne pas avoir informé le gouvernement des fermetures à venir.

Pendant ce temps, à Shawinigan, où elle rencontrait les travailleurs de la Belgo, la chef du Parti Québécois, Pauline Marois, y est allée d'une proposition audacieuse, en pressant le gouvernement de récupérer, pour au moins un an, la baisse de un point de pourcentage de la TPS, effective à compter de janvier.

Selon ses voeux, Québec rehausserait d'autant la TVQ, pour aider le secteur forestier, à même les sommes recueillies grâce aux achats des consommateurs, soit environ 1 G$.

L'idée a été jugée complètement loufoque par le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, qui juge irréaliste de demander aux commerçants de modifier leur comptabilité pour seulement un an.

Ce serait du jamais vu, a-t-il fait valoir, tout en réclamant de Québec un nouveau plan d'urgence pour Shawinigan, frappée de plein fouet par la fermeture de la Belgo.

Les actions de la compagnie ont fermé vendredi en hausse de $3,30 à $22,05, une montée de 17.6 pour cent.