À la troisième semaine de juillet de 2007, on comptait déjà trois fois plus de plans d'eau affectés par les algues bleu-vert (72) qu'à la même période en 2006 (22).

À la troisième semaine de juillet de 2007, on comptait déjà trois fois plus de plans d'eau affectés par les algues bleu-vert (72) qu'à la même période en 2006 (22).

Les deux tiers des 78 lacs touchés jusqu'à présent l'ont déjà été dans le passé. Neuf lacs sont affectés sur toute leur étendue.

Malgré tout, Yves Prairie, professeur à l'UQAM et directeur du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIT), ne craint pas une croissance exponentielle du phénomène: de façon générale, nos lacs sont en assez bonne santé.

«Il y a une partie de ces lacs qui ont toujours eu des efflorescences locales et éphémères», indique-t-il. «Le phénomène n'est pas en explosion, même si les signalements semblent l'être. Mon impression est que l'écologie ne peut changer du jour au lendemain.»

Les lacs les plus touchés sont souvent des lieux de villégiature de longue date, où les chalets autrefois occupés deux mois par année sont devenus des résidences permanentes.

Une part variable du problème provient des activités agricoles sur le bassin versant, mais «dans les lacs de villégiature, ce n'est pas le premier responsable», souligne le biologiste Marc Simoneau, du MDDEP.

Le climat joue également un rôle. Les sécheresses, les pluies abondantes peuvent favoriser la prolifération des algues bleu-vert. Cette année, un début de printemps doux a peut-être suscité le développement hâtif des cyanobactéries, avance Marc Simoneau.

En raison de l'inconstance et de la multiplicité des causes, il est difficile de faire des prédictions pour l'avenir.

«Chaque lac est un individu à part: il faut regarder sa forme, sa profondeur, sa superficie, la dimension de son bassin versant, insiste Marc Simoneau. Et chacun a son histoire: certains ont subi dans le passé des coupes forestières». Le MDDEP prévoit d'ailleurs étudier les caractéristiques des différents lacs touchés pour établir le profil type, et peut-être en tirer des projections.

Que devront faire les propriétaires riverains ?

Les propriétaires ont tout intérêt à agir pour préserver la valeur de leur propriété. Les coûts pourront varier de quelques centaines de dollars— planter quelques végétaux — à plusieurs milliers — refaire la berge ou revoir l'installation septique.

Les obligations et responsabilités sont variables. Pour les berges et bandes riveraines, les municipalités, si elles le désirent, peuvent édicter des règlements s'inspirant de l'énoncé de politique du gouvernement québécois.

Par contre, elles sont responsables de l'application du Règlement sur les installations septiques des maisons isolées et doivent le faire respecter.

De leur côté, les riverains peuvent prendre l'engagement moral de respecter la Charte des lacs, qui décrit les mesures à prendre pour réduire le risque de cyanobactéries. En voici quelques-unes:

- laisser pousser la végétation dans la bande riveraine en bordure du plan d'eau sur une largeur d'environ 10 à 15 mètres;

- reboiser les rives afin de créer des filtres naturels;

- cesser toute fertilisation chimique ou naturelle et abandonner l'usage de pesticides sur la rive sur une largeur d'au moins 10 mètres;

- s'assurer du bon fonctionnement de l'installation septique;

- utiliser des savons et des produits nettoyants sans phosphate...

Quelles précautions doivent prendre les acheteurs ?

- Vérifiez sur le site du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (www.mddep.gouv.qc.ca) si le lac est touché.

-Profitez-en pour consulter les bilans des années précédentes:

www.mddep.gouv.qc.ca/eau/algues-bv/milieux_affectes/resultats.asp

- Contactez la municipalité, pour voir si des règlements sont en vigueur ou en voie d'adoption concernant l'aménagement des berges.

- Entrez en communication avec l'association des propriétaires du lac convoité, pour connaître la petite histoire du lac en matière de qualité de l'eau.

- Un lac aux rives boisées est moins susceptible d'être affecté par les cyanobactéries. «Recherchez un lac où, depuis le centre du lac, on a du mal à voir les chalets, parce qu'ils sont dissimulés par la végétation», conseille Marc Simoneau, biologiste au MDDEP.

- Consultez le site de la Fédération des associations pour la protection de l'environnement des lacs (FAPEL), à l'adresse www.fapel.org. Il contient de l'information sur le phénomène de vieillissement des lacs, un répertoire de lacs «pépères» et «fringants», et des conseils pour les distinguer.