Le gouvernement Charest manifeste encore une fois son désir d'encourager les partenariats public-privé au Québec.

Le gouvernement Charest manifeste encore une fois son désir d'encourager les partenariats public-privé au Québec.

À la fin du mois de juin, il a voté un décret autorisant la compagnie d'assurances Desjardins Sécurité Financière à gérer un centre d'hébergement et de soins de longues durée (CHSLD).

«C'est la première fois qu'un tel décret est adopté. C'est un peu comme un PPP. Ça permet à Desjardins Sécurité Financière d'administrer un CHSLD», explique Marie-Ève Bédard, attachée de presse du ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard.

Desjardins Sécurité Financière confirme envisager l'achat d'un terrain sur lequel se trouve un CHSLD, mais précise que rien n'a encore été conclu.

C'est pourquoi le porte-parole de la compagnie d'assurances, Claude Beauchamp, refuse de divulguer la localisation du terrain, sur lequel se trouve aussi d'autres bâtiments.

«Sans vous dire où c'est, je peux vous dire que notre intérêt est là. Ça représente une bonne occasion de placement pour nous», dit-il.

Si le gouvernement et Desjardins Sécurité Financière voient la transaction d'un bon oeil, la Coalition solidarité santé aimerait qu'elle soit abandonnée. Selon le porte-parole de la Coalition, Sébastien Rivard, confier la gestion d'un CHSLD à une entreprise qui vend des assurances aux personnes âgées est risqué.

«Il y a un grand danger de conflit d'intérêts», dit-il. Par exemple, les bénéficiaires qui achèteraient des assurances chez Desjardins pourraient être favorisés.

Claude Beauchamp réfute ces allégations. «Nos clients n'auraient pas plus de chances de se trouver une place ou de recevoir de bons traitements que les autres, assure-t-il. Ce serait illégal et de toute façon, ce ne serait pas dans notre philosophie.»

Et le fait que Desjardins Sécurité Financière gère un CHSLD ne pourrait-il pas nuire à la qualité des soins offerts? Pas du tout selon le ministère de la Santé.

«Desjardins détiendrait le permis d'exploitation du CHSLD, ce qui vient avec son lot de devoirs et de responsabilités», explique Mme Bédard. La compagnie ne pourrait donc pas offrir de mauvais services ou encore fermer l'établissement.

«Je ne crains pas pour la qualité des soins. Je crains plutôt que l'on se retrouve avec un système de santé où, comme aux États-Unis, les grandes compagnies d'assurances gèrent les centres de personnes âgées pour en tirer des profits», explique Sébastien Rivard.

Selon lui, puisque Desjardins Sécurité Financière bénéficie déjà d'un décret gouvernemental, rien ne l'empêchera d'acquérir d'autres CHSLD à l'avenir.

«Et d'autres compagnies d'assurances pourraient suivre», prévoit-il. Le ministère de la Santé reconnaît que des entreprises privées pourraient vouloir imiter Desjardins Sécurité Financière, mais n'y voit aucun problème, au contraire.